Petit coin de Paradis(io)

Vendredi dernier c’était une vraie belle journée de printemps.

Le soleil était au rendez-vous, la température presque estivale. Nous avons préparé les louloutes, un pique-nique de compète avec oubli du couteau pour étaler le pâté et le beurre, restriction au niveau des tranches de cornichon, parce que se mettre sous la dent que des bons sandwichs, c’est un peu surfait… Bref, un vrai de vrai, préparé à l’arrache et tout et tout !

Nous avons embarqué dans mon carrosse et j’ai amené tout mon petit monde au Parc Paradisio.

J’avais oublié qu’on était le 1^er mai et que donc la moitié des belges avaient eu la même idée que moi. Parkings bourrés. Garés à dash. Zou, à fonds pour faire marcher les mini-gambettes. 

Une queue de compète aux caisses et un pont plus tard et un guide à 7 euros, je crois que celui-là nous est encore plus resté en travers que le prix des entrées !!!

Bref, nous voilà dans le jardin d’Eden. Ok. Version surpeuplée on est bien d’accord. Et pour qui n’aime pas forcément ses congénères, façon troupeaux, c’est un peu délicat…

Il est pas loin de 13h30 voire même approchant 14h00… Il faut bien que tu le saches, j’ai des filles exceptionnelles ! J’ai des spécimens qui ne se mettent pas à chougner quand l’heure de table arrive. Elles ne demandent jamais de gâteaux, jamais de bonbons. Rien. A croire même qu’elles n’ont jamais faim. En fait, non, ce n’est pas ça, elles savent que c’est un truc qui de toute façon finira par arriver. Alors elles patientent, sans demander. Et ça tu vois, c’est un pied monumental…

Il est donc pas loin d’une heure indécente pour des toutes petites louloutes comme les miennes, quand on pose notre sac aux pieds d’un banc à l’ombre d’un grand platane, en bordure d’un étang au bord duquel se reposent quelques flamands roses d’un côté et où se baignent des hippopotames bailleurs de l'autre…

 

On sort le pâté, les couteaux en plastique trouvés dans une station service, le pain absolument abomiffreux. Normal, une boulangerie belge tenue par des coréens, on n’pouvait pas espérer une bonne baguette française… Tout se perd, que voulez-vous ! ça aussi, c’est la mondialisation, non ???

La petite attrape directos le paquet de chips, qu’elle coince de telle manière que sa grande sœur n’ait pas l’idée de lui en chiper. Il faut le savoir, ma petite ne prête pas ses « chichip ». Si t’en demandes, au mieux tu écopes des plus petites. Et oui, encore une gourmande qui garde tout pour elle, que veux-tu, c’est l’éducation qui veut ça ;o)

Nous avons donc déjeuné, entre sandwich au pâté, à la dinde ou au jambon cru, agrémentés de quelques fines tranches de cornichon, ou de rien du tout d’ailleurs, quand le peu de cornichons que j’avais mis dans le tupper’ ont été finis. Il faut le savoir, il faut toujours qu’il m’en reste. Donc j’ai mis une demi-boîte dans le tupperware, et le reste, dans son pot, dans le frigo. Ben oui, si j’ai pas de restes, j’ai pas d’expérience de champignons. Alors bon, faut pas déconner, quoi !

Ce qui était très con parce qu’avec un peu de chance on va écoper d’un temps pourri les jours prochains avec impossibilité d’organiser un autre pique-nique et donc pour le coup, mes cornichons vont moisir, alors que là, on aurait pu s’en régaler. Si c’est pas balo !

Bref, donc après un babybel chacun (que ma petite a mangé entre deux chichip) et un « yaout » aux fraises pour ma grande est venu le moment du dessert. Royale, j’avais prévu pom’potes pour tout le monde. On est « djeun’s » ou on ne l’est pas… (finalement, je crois qu’on l’est plus tant que ça !). Pomme-fraises pour mes louloutes, nous nous sommes gardés un « pomme-framboises-cassis » qui me semblait trop acidulé pour mes louloutes…

Mon cul ! Quel infâme truc que voilà ! De la compote sans sucre, y’a rien de pire pour les gourmands qui aiment les trucs dégoulinant de sucre.

Quelle atrocité que cette bouillie de fruits fadasses ! Y’aurait pas eu les filles, j’aurais craché et jeté le restant dans la première poubelle venue…

Là, niet ! Education oblige ! Moi qui suis fortiche pour leur faire terminer leurs assiettes de légumes, va bien falloir que je me cogne la gourdasse en entier !

Et c’est ce que je fis ! Non sans moult grimaces toutes plus explicites les unes que les autres.

C’est si dur d’être maman, parfois !

Ma grande : « Qu’est qu’y a, maman ? »

Moi : « Rien ma puce. C’est juste pas bon »

Ma grande : « Tiens maman ! »

Et ma grande, en petite fille habituée à finir gentiment ses assiettes, me tend sa petite bouteille d’eau… Avec un sourire radieux.

Ma grande : « Tiens maman, il faut boire ! ».

Voilà, comment par une chaude journée de mai, ma fille m’a sauvée du truc le plus immonde que j’ai mangé de ma vie.

Ca et les beignets de cervelle (je crois que j'en ai encore jamais parlé, je vais y remédier bientôt...).

Ce que j’ai préféré voir : incontestablement, les oiseaux. Serres ou volières, perroquets, aras, ibis rouge, inséparables, cigognes, calaos, toucans et autres merveilles. Un enchantement. Et puis c’était vers la fin. Juste avant de partir et de laisser les troupeaux de congénères tous plus lents, moches et lourds que la Terre ait porté. Il n’y a rien de pire que des contemporains en nombre et en famille qui te marchent sur les pieds pour mieux voir ou qui laissent leur gamin remuer le grillage contre lequel tu t’appuies pour tenter de prendre une photo…

Bref, sinon, à part EUX, ce fut une journée exceptionnelle !

 

Et je garde une image touchante, dans mon petit cœur et dans ma tête. Lorsque nous marchions vers la voiture. Ma petite tenant la main de mon amoureux, moi celle de ma grande derrière eux. Ma petite tenant son doudou fermement et discutant avec Phin de ce qu’elle avait vu durant la journée. Enumérant les animaux, les couleurs. Elle réfléchissait, ne répondait pas au hasard, concentré petit bout de chou faisant marcher sa mémoire pour répondre juste. Son petit cheveu sur la langue qui nous fait fondre. Tout petit bout de chou à la crème juste à côté d’un géant tout dégoulinant de tendresse…

(Soupir)…

Oui, incontestablement, la tranche de cake aux fruits, elle est pour moi ! …