Je me souviens bien, il y a longtemps de cela, j’avais décidé d’être heureuse, juste comme ça*,
pour voir. Plusieurs fois par jour, devant ma glace, je me disais « Je veux être heureuse », la méthode Coué fait parfois des miracles. Ensuite je suis passée aux exercices pratiques. J’ai commencé par des exercices simples. Par exemple, m’extasier devant un papillon, une fleur, un arbre, un ciel… avec des « Oh » et des « Ah ».
Puis, j’ai choisi le chemin de la contemplation esthétique. J’ai fréquenté assidûment les musées. Je m’installais devant une toile et j’essayais de ressentir quelque chose qui aurait pu ressembler à du bonheur. Si ça ne venait pas, je changeais de toile.
Ensuite, des œuvres d’art, je suis passée au genre humain et là, j’ai eu peur, toujours cette impression que le monde des hommes n’est pas fait pour vous et que vous n’y aurez jamais votre place. Afin d’adoucir l’épreuve j’ai commencé par les enfants ; je leur souriais et ils me répondaient. Parfois même, je leur parlais. Encouragée par leur fraîcheur, j’ai voulu faire le grand écart jusqu’aux adultes, mais là, j’ai eu peur ! Je sais bien que tout adulte est un vieil enfant, mais quelque chose me retient.
Pour l’instant, je les observe, de loin. Je sais qu’il ne suffit pas de rester au bord de la route, mais la route est encore brûlante. J’attends encore un peu…
* phrase lue sur le blog charivari, il y a longtemps.