Magazine Humeur

Bon ou mauvais ? Ou simplement seul...

Publié le 08 décembre 2008 par Ekilio

Encore une fois, la traduction du texte précédent, que vous trouverez ici

C’est le matin. Il est environ dix heures, et je dois marcher plus vite si je ne veux pas être en retard.

Toulouse, ma ville, est une étrange cité. La nuit, tout semble arriver par vagues d’événements, mais lorsque le soleil brille dans le ciel, et que les gens travaillent, c’est complètement différent.

Si vous marchez au travers de la ville le matin, vous trouverez toujours un marché. Chaque petite place semble avoir le sien, avec des fleurs, des libraires, et des sculptures africaines. Bien sûr, les clients de ces marchés sont souvent des retraités, parce que la plupart des autres personnes travaillent durant la journée - mais je cherche actuellement du travail, donc j’ai du temps à revendre.

Aujourd’hui, j’ai un rendez-vous important avec les assedic - c’est l’organisme qui donne de l’argent aux personnes qui cherchent du travail. Bon, en fait, ce rendez-vous n’est pas si important que ça, vu que je n’aurais de toute manière probablement pas le droit à de l’argent, étant donné que j’ai démissionné de mon travail précédent. Mais je dois les voir pour avoir le droit à la Sécu.

Le bureau des assedics n’est pas franchement près de chez moi - je dois marcher pendant environ une demi-heure pour y arriver. Mais j’aime bien marcher, alors ce n’est pas un problème. Le vrai problème, c’est que je suis perdu. Alors, je cherche quelqu’un qui pourra m’aider.

Les gens n’aiment pas vraiment me parler, en général. Ca ne me dérange pas franchement, et je sais pourquoi ils ont cette réaction : j’adore chanter, donc je chante presque tout le temps quand je marche - et je crois que les gens pensent parfois que je suis fou. Mais, en fait, je m’en fiche. J’ai donc demandé à un homme agé qui passait par là - il a eu l’air un peu effrayé au début, mais je lui ai sourit et je lui ai demandé très poliment, bien sûr, alors il m’a sourit en retour et m’a aidé.

Cinq minutes plus tard, j’était devant le bureau. Je suis entré. Il y a une étrange atmosphère ici. C’est une longue pièce, avec une dizaine de sièges. Au milieu, un petit kioske, avec une petite femme toute souriante. Elle a l’air dynamique, et elle essaye d’aider une dame assez enrobée et qui a beaucoup de questions à propos d’internet.

Assises sur des sièges, il y a deux femmes. L’une porte un voile musulman, l’autre est noire. Elles ont l’air tristes - elles cherchent probablement un travail depuis pas mal de temps. Je me sens vraiment désolé pour elles… Je suis blanc, et je sais que je trouverais probablement un travail plus vite qu’elles. Cette pensée me fait me sentir mal. La loi et les grandes paroles protègent l’égalité, mais il reste une longue route pour qu’elle deviennent réelle…

Après qu’elle eu finit d’aider l’autre dame, l’employée se tourne vers moi. Je lui explique rapidement que j’ai un rendez-vous, et elle me donne un papier que je dois remplir et me dit que je dois regarder un film à propos des assedic. Puis quelqu’un viendra me chercher.

Les rendez-vous sont pris à partir de 10 heures aux assedic, donc je suis l’une des premières personnes arrivées. Mais pendant que je parlais, deux autres personnes sont arrivées, et une troisième est en train d’ouvrir la porte. Je suis allé dans la pièce qu’elle m’a indiquée, en attendant le début du film.

L’une après l’autre, de plus en plus de personnes entraient. Une vingtaine de personnes sont à l’interieur à présent - moi inclus. J’ai finis de remplir le formulaire, et je ne m’intéresse pas vraiment au film, donc je regarde autour de moi. Assise à ma droite, il y a une femme noir ; elle est assez belle, même si elle a environ 40 ans (je vais avoir 21 ans la semaine prochaine). En face de moi, un homme noir. Il a environ 40 ans lui aussi, et ses yeux pétillent de sourire. Il remplit le même papier que moi - c’est probablement son premier rendez-vous à lui aussi.

Il y a une longue ligne de personnes qui attendent l’employée à présent. La plupart sont noirs ou nord-africains ; il n’y a qu’une seule femme blanche. A nouveau, je me sens triste en me disant que l’égalité est un rêve et pas une réalité. Certains d’entre eux discutent, d’autres attendent simplement.

Celui qui parle à l’employée à présent est un noir assez grand - il doit faire entre 1 mètre 80 et 2 mètres. Il est chauve, et il semble très en colère - il hurle sur cette pauvre employée. Quelque chose à propos de son payement qui a eu un problème ce moi-ci - et le mois d’avant. Et plus l’employée tente de le calmer, plus il s’énerve.

Rapidement, une autre femme sort du bureau voisin, inquiète par les cris. Je me lève, et l’homme en face de moi se lève aussi. Nous nous tenons prêts à aller aider les deux femmes en cas de problèmes - mais soudain, l’homme a hurlé “Ok, alors c’est comme ça ?” et il s’est rué dehors, furieux. Je suis vraiment inquiet maintenant - je sais qu’il va revenir et que ça va être un problème.

L’homme face a moi semble penser la même chose. Il sort son téléphone portable - mais il ne peut pas appeller la police maintenant. Rien ne se passe… même si tous les deux, nous savons, je pense, que quelque chose d’horrible va bientôt se produire.

Je me rassied - mais pas pour longtemps. Cinq minutes plus tard, l’homme en colère reviens - et maintenant, il a quelque chose dans la main. Ce n’est probablement pas un pistolet - les armes à feu sont interdites en France, alors c’est dur d’en trouver, surtout en cinq minutes ; et ça n’a pas la forme d’un pistolet. C’est noir, et c’est long - une matraque, ou un couteau.

Il a couru vers l’employée, qui ne sourit plus et commence à hurler. Il ne la frappe pas, mais la force à entrer dans un autre bureau, où deux autres employées travaillent, et qui se mettent à hurler. Je me lève rapidement, et l’autre homme également. Nous marchons rapidement jusqu’au bureau, tentant de voir ce qui se passe.

Deux des femmes sont maintenant contre le mur, criant, terrorisées, menacée par l’homme. La troisième n’est pas là - je la vois dans l’autre bureau, en train d’appeler la police. J’ai probablement vu clairement l’arme, mais - je ne sais pas pourquoi - je n’arrive pas à me souvenir de ce que c’était (Note : j’ai appris plus tard que c’était une matraque en fer avec une pointe fixée au bout). En tous cas, je m’avance un peu et j’essaye de le calmer - “Vous savez, si vous les tuer, ça n’avancera à rien, elles ne vous donneront pas plus votre argent”. Il a l’air de m’écouter pendant ce qui me semble être une ou deux minutes, puis il tourne son arme vers moi.

Je me recule. J’espere qu’il a entendu ce que j’ai dit. Il tiens sont arme comme un amateur, mais c’est lui qui a l’arme et je suis tout sauf un artiste martial. Si j’avais une épée, je pourrais probablement le désarmer - j’ai fait de l’escrime pendant longtemps - mais je ne vais pas avec un sabre dans les bureaux gouvernementaux. Je quitte simplement le bureau, avec un goût amer dans la bouche.

Un quart d’heure plus tard, la police arrive. C’est très long… Mais heureusement, il n’a fait de mal à personne. Le bureau a été fermé après leur arrivée. J’ai attendu une demi-heure devant la porte fermée, puis je suis parti.

Lorsque je tente de repenser à ces moments, je me sens bizarre, maintenant. C’est la seconde fois que ma vie est en danger - la première fois, il y a eu 30 morts. Je suppose que je devrais être choqué ou quelque chose dans ce genre, mais je suis juste triste.

Cet homme était noir. Il dit qu’il cherchait un boulot depuis plus d’un an. Il a probablement une femme et des enfants - il parlait de sa “famille”. Nous avons tous des impôts à payer chaque mois. Et les seules aides qu’il aurait du avoir lui étaient refusées - j’ai vérifier sur le site des assedic, et ils parlent du problème dont lui parlait : c’est parce qu’un employé n’a pas correctement remplis la fiche avec lui. Depuis deux mois, ils n’avaient juste pas pris le temps de remplir une case sur un formulaire avec cet homme. Il avait une trentaine d’années. Et maintenant, il est en prison, donc il ne trouvera surement jamais de travail.

De l’autre coté… Ces employées de l’assedic. Deux femmes. Elles étaient blanches - très, très blanches, en fait, pendant qu’il les menacaient. J’ai remarqué une alliance sur la main de l’une d’entre elles. Aucune d’entre elles n’étaient responsables de cet homme - elles étaient totalement innocentes dans tout ça. Elles étaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Maintenant, elles sont probablement choquées et vont devoir voir un médecin pendant des semaines. J’espère juste qu’elles arriveront encore à travailler au même endroit.

La violence n’est jamais une bonne réponse. C’est juste la plus stupide des choses à faire, quelle que soit la situation. Mais… Quelle aurait été la bonne réponse ? Je ne sais pas. Je ne peux pas imaginer un monde parfait… Mais je sais que toutes mes pensées ce soir seront pour eux tous - les femmes, et aussi l’homme.


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