Traduction du billet “A night in Toulouse”, ici en version originale.
J’aimerais vous raconter une histoire. Elle m’est arrivée hier soir, alors que j’étais sur le bord de ma fenêtre.
J’habite Toulouse. Ce n’est pas une grande ville comme New York, Paris ou des villes de ce genre, mais c’est l’une des plus grandes villes de France - il y a environ 1.117.000 habitants. J’habite à la limite du centre-ville - juste entre les riches maisons où une seule personne habite sur cinq étage et les pauvres immeubles où tout une famille vie dans une même pièce. Ce n’est pas pas un quartier dangereux, mais si vous marchez pendant cinq petites minutes, vous arrivez dans une autre partie de la ville, où il ne fait pas bon s’aventurer de nuit.
Ma rue n’est pas une petite ruelle, mais il y a une autre rue beaucoup plus grosse qui fait le même chemin, donc il n’y a généralement pas grand-monde ici la nuit. Une ou deux personne. Quelques petits groupes, quelques personnes ivres, qui rigolent dans la nuit en parlant à un absent.
J’aime beaucoup cette partie de la nuit, lorsque les gens vont et rentrent de discothèques. Ils sont généralement en groupes, et ils sourient, ils rient, heureux d’être ensembles. Toulouse est dans le sud de la France, donc la nuit est chaude, mais un petit vent rends l’air absoluement parfait. Parfois, un SAMU passe. Il y a un hôpital dans la rue ; je peux entendre leurs sirènes hurler dans la nuit.
Parfois aussi, j’entends une voiture. Je les voit passer : des travailleurs fatigués, qui rentrent chez eux à la fin de leur journée, peut-être des gens qui travaillent dans un restaurant - tous les bureaux sont fermés à cette heure-ci. Quelques fois, ce sont des jeunes amants, ou des groupes d’amis avec une musique forte. Un chien aboie à cause de tout ce bruit.
Je suis assis sur le rebord de la fenêtre. Je regarde les étoiles - les nuages se sont absentés ce soir. Je ne peux pas voir beaucoup d’étoiles, car il y a un gros lampadaire juste à coté de la fenêtre. Il y a deux étages à ma maison, et je suis au premier.
Soudain, j’entends quelqu’un qui semble être effrayé. Une femme, qui doit avoir une trentaine d’années. Elle est accompagné de son petit ami - je me demande si ils sont mariés. Je les regardent : ils fixent quelque chose par terre. Je ne peux pas voir quoi, il y a une voiture garée juste là. Alors, je me tait - jusqu’à ce que l’homme s’approche.
“Hey, vous avez vu ce mec ?” “Qui ?” “Il y a un homme ici. Et il ne bouge pas…”
Bon, c’est vraiment bizarre. Je ne suis pas à cette fenêtre depuis plus d’une trentaine de minutes, donc je pourrais avoir loupé le moment où il est arrivé. Mais il y a plus d’une vingtaine de personnes qui sont passés durant cette periode - et ce couple est le premier à dire quoi que ce soit…
“Ok”, leur dis-je,” il faudrait appeller les secours”. “C’est quel numéro ?” “112”.
Donc, ils ont appellé. Parlé un peu au téléphone. Puis ils m’ont dit au revoir, et sont partis.
Je me souviens que j’ai été surpris de les voir faire ça. Mais bon, ils avaient appellé le 112, donc le SAMU devait être en route.
J’ai attendu 20 minutes de plus. Une dizaine de personnes sont passées. Toutes ont fait semblant de ne pas le voir. Et toujours pas de SAMU.
Alors, j’ai appellé à nouveau. Et j’ai reçu une réponse bizarre : “Si il y a un problème dans la rue, appellez la police”. Hé, mais je ne veux pas la police : un mec mort ne va pas m’attaquer (ou du moins, pas celui-ci). Mais bon, pas d’autre réponse.
Et puis un petit groupe est arrivé. Je me souviens d’eux : Trois filles - l’une d’entre elles était particulièrement belle - et un homme. Lequel a semblé particulièrement ennuyé de la tournure de la suite des événements…
Donc, ils ont vu l’homme à terre, et l’une des filles s’est écrié : “Hé ! Mais c’est quoi ça !”. Ils ne m’ont pas vu. J’ai tenté de les appeler, mais il ne m’ont pas entendu - ils discutaient entre eux.
Les gens sont bizarres, parfois. J’était là à regarder depuis environ 50 minutes, et trois personnes l’avait remarqué. Mais lorsque ce groupe l’a vu et à commencé à parler de lui, trois autres personnes se sont arrêtées à leur tour.
Ils ont appelé le 112 encore et encore. Finalement, un SAMU est venu. Avec ses lumières bleues, qui indiquent qu’il est là pour sauver des vies. Ils ont regardé l’homme, l’ont réveillé et lui ont dit de partir. Il était juste en train de cuver. L’alcool est un vrai danger, mais lui n’allait pas en mourir ce soir. Depuis ma fenêtre, je me suis senti soulagé. Et les gens dans la rue se sont rapidement écartés de lui, comme si l’alcoolisme était une sorte de maladie contagieuse. Lui avait cherché un ami dans le vin, et il avait perdu.
Le SAMU est parti. Ils ont d’autres vies à sauver. Peut-être que, quelque part, quelqu’un les appellent pour la cinquième fois. Il n’y a pas assez de médecins. Et il y a trop de problèmes.
La lune brille dans le ciel. Les humains vivent et meurent sur la terre. C’est une nuit normale, dans une ville normale.