Premier extrait de l'intervention à la session plénière de l’académie pontificale des sciences sociales,
lue au Vatican, en français, le matin du vendredi 1er mai 2009 du Père Schooyans, membre de trois académies pontificales: des sciences sociales, pour la vie, et Saint Thomas d'Aquin :
"Le nouveau président entraîne ainsi le droit dans un processus de
régression qui altère la qualité démocratique de la société qui l’a
élu. De fait, une société qui se dit démocratique, dans laquelle les
gouvernants, invoquant de "nouveaux droits" subjectifs, permettent
l’élimination de certaines catégories d’êtres humains, est une société
qui est déjà engagée de plain-pied sur la route du totalitarisme. Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé, 46 millions d’avortements sont
réalisés chaque année dans le monde. En révoquant des dispositions
juridiques protégeant la vie, M. Obama va allonger la liste funèbre des
victimes de lois criminelles. Le chemin est ouvert pour que
l’avortement devienne légalement exigible. Le droit lui-même pourra
être précipité dans l'indignité lorsqu'il sera instrumentalisé et
pressé de légaliser n'importe quoi, et mis, par exemple, au service
d’un programme d’élimination d’innocents. A partir de là, la réalité de
l'être humain n'a plus d'importance en soi.
La conséquence
évidente du changement décidé par M. Obama est que le nombre
d’avortements va augmenter dans le monde. Le Président Bush avait coupé
les subventions destinées à des programmes comportant l’avortement, en
particulier à l’extérieur des États-Unis. La révocation de cette mesure
par la nouvelle administration limite le droit du personnel médical à
l’objection de conscience et permet à M. Obama d’augmenter les subsides
affectés à des organisations publiques et privées, nationales et
internationales, qui développent des programmes de contrôle de la
natalité, de "maternité sans risque", de "santé reproductive" incluant
l’avortement parmi les méthodes contraceptives qu’ils promeuvent.
Le
Président Obama apparaîtra donc inévitablement comme un des principaux
responsables du vieillissement de la population des États-Unis et des
nations "bénéficiaires" de programmes de contrôle de la natalité
présentés comme condition préalable au développement. Comment un leader
politique bien informé peut-il ignorer qu’une société qui avorte ses
enfants est une société qui avorte son avenir?
La mesure prise
par Barack Obama est destinée à avoir des répercussions au plan
mondial. Le "messianisme" nord-américain traditionnel se flattait
d’offrir au monde le meilleur modèle de démocratie. Avec la permission
de tuer légalement des innocents, cette prétention est en train de
sombrer. En son lieu et place émerge un "messianisme" qui annonce
l’extinction des principes moraux apparaissant dans la Déclaration
d’Indépendance (1776) et dans la Constitution des États-Unis (1787).
Dorénavant est rejetée la référence au Créateur. Aucune réalité humaine
ne s'impose plus en vertu de sa dignité intrinsèque. Prévaut désormais
la volonté présidentielle. Selon ses propres paroles, le président ne
devra plus se référer à des traditions morales et religieuses de
l’humanité. Sa volonté est source de loi. A propos, qu’en pense le
Congrès américain?
Or dès lors que le poids des États-Unis est
celui qui pèse le plus dans les relations internationales, bilatérales
et multilatérales, et spécialement dans le cadre de l’ONU, on peut
prévoir que tôt ou tard, l’avortement sera présenté à l’ONU comme un
"nouveau droit humain", un droit permettant d’exiger l’avortement. Il
s’ensuivra qu’il n’y aura plus de place, en droit, pour l’objection de
conscience. Ce même processus permettra au président de manifester sa
volonté d’inclure dans la liste d’autres "nouveaux droits" subjectifs,
comme l’euthanasie, l’homosexualité, la répudiation, la drogue, etc."
Lahire