Le Pape a célébré la Messe devant 50 000 personnes dans le stade d'Amman :
"En tant que Successeur de Pierre, à qui le Seigneur a confié
le soin de son troupeau (cf. Jn 21, 15-17),
j’ai longtemps attendu cette opportunité de me tenir devant vous comme un
témoin du Sauveur ressuscité, et de vous encourager à persévérer dans la
foi, l’espérance et la charité, dans la fidélité aux traditions antiques et
à l’histoire édifiante du témoignage chrétien qui remonte au temps
apostolique (...)
Véritablement, Jésus « nous connaît »,
plus profondément que nous ne nous connaissons nous-mêmes, et il a un
dessein pour chacun de nous. Nous savons aussi que, quelque soit son appel,
nous trouverons le bonheur et l’épanouissement ; en effet, nous nous
trouverons véritablement nous-mêmes (cf. Mt 10, 39).
Aujourd’hui, j’invite les nombreux jeunes présents ici à considérer comment
le Seigneur les appelle à le suivre et à construire son Église. Que ce soit
dans le ministère sacerdotal, dans la vie consacrée ou dans le sacrement de
mariage, Jésus a besoin de vous pour faire entendre sa voix et travailler à
la croissance de son Royaume (...)
Pendant la célébration de l’Année de
la Famille, l’Église en Terre Sainte a réfléchi sur la famille comme un
mystère d’amour qui donne la vie, doué dans le dessein divin d’un appel et
d’une mission propre : rayonner l’amour divin qui est la source et l’ultime
accomplissement de tous les autres amours de nos vies. Que chaque famille
chrétienne grandisse dans la fidélité à sa haute vocation pour être une
véritable école de prière, où les enfants apprennent l’amour sincère de
Dieu, où ils murissent par la maîtrise de soi et le souci du bien des
autres, et où, modelés par la sagesse née de la foi, ils contribuent à
construire une société toujours plus juste et fraternelle (...)
Un aspect important de votre réflexion durant cette Année de la Famille a
été consacré à la dignité particulière, à la vocation et à la mission des
femmes dans le dessein de Dieu.
Qui peut dire ce que l’Église ici présente
doit au patient, aimant et fidèle témoignage d’innombrables mères
chrétiennes, religieuses, enseignantes, médecins ou infirmières !
Qui peut
dire ce que votre société doit à toutes ces femmes qui, de différentes et
parfois de très courageuses manières, ont consacré leurs vies à construire
la paix et à promouvoir l’amour !
Dès les premières pages de la Bible, nous
voyons comment l’homme et la femme, crées à l’image de Dieu, sont destinés à
se compléter l’un l’autre en tant qu’intendants des dons de Dieu et
partenaires dans la communication du don qu’il fait de sa vie au monde, à la
fois sur le plan biologique et spirituel. Malheureusement, cette dignité
reçue de Dieu et ce rôle des femmes n’ont pas toujours été suffisamment
compris et estimés.
L’Église, et la société dans son ensemble, a commencé à
saisir combien nous avons besoin de façon urgente de ce que le Pape
Jean-Paul II appelait le « charisme prophétique » des femmes
(cf.
Mulieris Dignitatem, n.29) comme porteuses d’amour,
enseignantes de la miséricorde et artisans de paix, apportant chaleur et
humanité à un monde qui trop souvent juge la valeur des personnes d’après
les froids critères de l’utilité et du profit. Par son témoignage public de
respect vis-à-vis de la femme, et sa défense de la dignité innée de toute
personne humaine, l’Église en Terre Sainte peut apporter une importante
contribution au progrès d’une vraie culture humaniste et à la construction
de la civilisation de l’amour (...)
La fidélité à vos racines chrétiennes, la fidélité à la mission de l’Église
en Terre Sainte réclament à chacun de vous un courage singulier : le courage
de la conviction, née d’une foi personnelle, qui ne soit pas seulement une
convention sociale ou une tradition familiale ; le courage de dialoguer et
de travailler aux côtés des autres chrétiens au service de l’Évangile et de
la solidarité avec les pauvres, les personnes déplacées et les victimes des
grandes tragédies humaines (...)
Cela
signifie également rendre témoignage à l’amour qui nous porte à donner nos
vies au service des autres, et ainsi à contrecarrer des manières de penser
qui justifient qu’on puisse « prendre » des vies innocentes.
« Je suis le bon berger ; je connais mes brebis, et mes brebis me
connaissent » (Jn 10, 14). Réjouissez-vous que
le Seigneur vous ait appelés par votre nom et ait fait de vous les membres
de son troupeau. Suivez-le avec joie et laissez-le vous guider sur tous vos
chemins en toute chose ! Jésus sait à quels défis vous faites face, quelles
épreuves vous endurez et le bien que vous faites en son nom. Faites-lui
confiance, faites confiance à son amour inlassable pour chacun de ses
membres de son troupeau, et persévérez dans le témoignage rendu au triomphe
de cet amour. Puissent saint Jean-Baptiste, le patron de la Jordanie, et
Marie, Vierge et Mère, vous encourager par leur exemple et leur prière, et
vous conduire à la plénitude de la joie dans les pâturages éternels où nous
ferons pour toujours l’expérience de la présence du Bon Pasteur et où nous
connaître pour toujours les profondeurs de son amour. Amen".
Lahire