Le camp de Sachsenhausen, où a été déporté le Templemarois Albert Prêvot
Le 26 avril, date de la Journée de la déportation, j’avais demandé à Geneviève Lefebvre, adjointe, de me représenter à la cérémonie commémorative que nous tenons à organiser au momument aux morts. Elle a prononcé un discours que je partage et que je vous livre.
Nous commémorons comme chaque année la libération des camps de déportation par les alliés, camps mis en place par les nazis pour servir leur idéologie totalitaire.
Dans ces camps des hommes, des femmes et des enfants furent enfermés humiliés, réduits en esclavage, torturés, mis à mort simplement parce qu’ils étaient nés juifs, tziganes ou slaves.
Ce génocide coûta la vie de 5 à 6 millions de juifs et à environ 220 000 tziganes (sur un million vivant en Europe)
Furent aussi déportés les opposants au régime : des communistes, des socialistes, des sociaux démocrates, des intellectuels, ainsi que des homosexuels ou des personnes handicapées.
En France, la déportation touche plus de 75 000 juifs ainsi que 60 000 résistants ou opposants au régime totalitaire.
Leurs noms sont inscrits dans la mémoire collective tant au niveau national comme Jean Moulin, Madeleine Albrecht, Gabriel Péri, Germaine Tillon, mais à Templemars, nous pensons à Albert Prêvot, déporté à Oranienburg (Sachsenhausen) dont le nom a été donné à une de nos places.
Commémorer, c’est garder la mémoire collective de toutes ces personnes souvent anonymes exterminées systématiquement dans les camps de la mort, de tous ces résistants qui en voulant s’opposer à ce système mettant en danger les démocraties se sont aussi retrouvés dans des camps…
Commémorer, c’est rendre hommage à leur courage, à leur sens de l’autre, à leur abnégation ; mais c’est aussi rendre hommage à la détresse qu’ils ont dû ressentir face à cette barbarie.
Commémorer c’est aussi transmettre.
Car l’Histoire ne sert pas seulement à comprendre le passé, elle peut nous éclairer sur notre présent et nous permettre de préparer l’avenir.
Il ne suffit pas de dire «plus jamais ça».
Imré Kertesz, l’écrivain juif hongrois déporté à Auschwitz (et prix Nobel de littérature en 2002) écrivait : «La haine de l’autre résulte de dynamiques industrielles et sociales, de choix collectifs, d’assistance ou non aux plus faibles».
La montée de l’idéologie nazie et l’arrivée au pouvoir d’Hitler ont été le résultat d’une situation économique difficile
Aussi aujourd’hui, où une crise économique sévère frappe nos pays et dont personne ne peut prédire l’échéance, où tous les jours les médias nous annoncent des licenciements et des fermetures d’entreprises, nous nous devons d’être encore plus vigilants et plus responsables pour éviter des dérives.
Les inégalités, la mise en concurrence de tous et de chacun, l’indifférence à l’égard de ceux qui connaissent des difficultés professionnelle, ou de ceux qui souffrent, favorisent le développement de ressentiment, d’agressivité, qui, exaltés, peuvent se transformer en haine et se propager à toute la société en désignant des boucs émissaires, en s’appuyant sur la xénophobie, le racisme.
Le risque d’une banalisation des idées fascisantes demeure et certains actes en sont la preuve : ces profanation de tombes juives ou musulmanes, les affirmations négationnistes…
A chacun de nous aujourd’hui de ne pas se laisser enfermer dans des analyses et approches simplistes dangereuses, à faire des choix en tant que citoyen.
Le grand résistant Pierre Brossolette nous montrait déjà la voie quand il disait : «Ce que nos morts attendent de nous, ce n’est pas un sanglot, mais un élan». A nous de reprendre cet élan : un élan porteur d’une société de paix, et de tolérance sans pour autant considérer que toutes les idées se valent, un élan de justice et de solidarité entre les peuples. Un élan dans la recherche du progrès économique, social et environnemental pour tous