L'allocution du Pape aux cérémonies de bienvenue mérite d'être citée en quasi totalité et d'être comprise sans déformation, telle qu'elle est écrite :
"Monsieur le Président, le Saint-Siège et l’État d’Israël partagent de
nombreuses valeurs, en particulier la préoccupation de donner à la
religion sa juste place dans la société. Le juste ordonnancement des
relations sociales présuppose et requiert le respect de la liberté et
de la dignité de chaque être humain, que les Chrétiens, les Musulmans
et les Juifs croient être créé par un Dieu aimant, à son image et à sa
ressemblance. Quand la dimension religieuse de la personne est niée ou
marginalisée, le fondement même de la juste compréhension des droits
humains inaliénables est mis en péril.
Le peuple juif a
tragiquement fait l’expérience des terribles conséquences d’idéologies
qui nient la dignité fondamentale de toute personne humaine. Il est
juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la
possibilité d’honorer la mémoire des six millions de Juifs victimes de
la Shoah, et de prier pour que l’humanité ne soit plus jamais témoin
d’un crime d’une telle ampleur. Malheureusement, l’antisémitisme
continue de relever la tête en beaucoup d’endroits de notre monde. Ceci
est totalement inacceptable. Tous les efforts doivent être faits pour
combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste, et pour promouvoir le
respect et l’estime pour les personnes de toute race, peuple, langue et
nation dans le monde entier.
Durant mon séjour à Jérusalem,
j’aurai le plaisir de rencontrer de nombreux responsables religieux
éminents de ce pays. Les trois grandes religions monothéistes ont,
entre autres, en commun une vénération particulière pour cette cité
sainte. C’est mon espérance la plus chère que tous les pèlerins qui se
rendent sur les lieux saints puissent y avoir accès librement et sans
restriction, qu’ils puissent prendre part aux célébrations religieuses
et qu’ils puissent soutenir le digne entretien des lieux de culte qui
se trouvent sur les sites sacrés. Puissent les termes de la prophétie
d’Isaïe s’accomplir : de nombreuses nations afflueront vers la montagne
du Temple du Seigneur, pour qu’Il puisse leur enseigner ses chemins,
pour qu’elles puissent suivre ses sentiers – des sentiers de paix et de
justice, des sentiers qui conduisent à la réconciliation et à
l’harmonie (cf. Is 2, 2-5).
Bien que le nom de Jérusalem
signifie « ville de la paix », il est trop évident que, depuis des
décennies, la paix a tragiquement fait défaut aux habitants de cette
Terre Sainte. Les yeux du monde sont tournés vers les peuples de cette
région alors qu’ils s’efforcent de trouver une solution juste et
durable aux conflits qui ont causé tant de souffrances. Les espoirs
d’innombrables hommes, femmes et enfants de connaître un avenir plus
stable et plus sûr dépend de l’issue des négociations pour la paix
entre Israéliens et Palestiniens. Avec les hommes de bonne volonté, où
qu’ils soient, je plaide pour qu’avec tous les responsables soient
explorées toutes les possibilités afin d’aboutir à une solution juste
aux difficultés persistantes, de telle sorte que les deux peuples
puissent vivre en paix dans leur propre pays, à l’intérieur de
frontières sûres et internationalement reconnues. À cet égard, j’espère
et je prie pour qu’un climat de plus grande confiance puisse bientôt
être créé qui permettra aux parties d’accomplir de réels progrès sur la
route de la paix et de la stabilité.
J’adresse un salut
particulier aux Évêques catholiques et aux fidèles ici présents. Sur
cette terre, où Pierre a reçu la mission de faire paître le troupeau du
Seigneur, je viens comme le successeur de Pierre pour exercer mon
ministère parmi vous. Ce sera une joie toute spéciale pour moi de me
joindre à vous pour les célébrations finales de l’Année de la Famille,
qui se dérouleront précisément à Nazareth, foyer de la Sainte Famille
de Jésus, Marie et Joseph. Comme je l’ai dit l’an dernier dans mon
Message pour la Journée mondiale de la Paix, la famille est « la
première et irremplaçable éducatrice de la paix » (n. 3) ; elle a donc
un rôle vital à jouer dans la guérison des divisions qui blessent la
société humaine à tous les niveaux. Aux communautés chrétiennes de
Terre Sainte, je dis : par votre témoignage de foi en Celui qui a
prêché la réconciliation et le pardon, par votre engagement pour
défendre le caractère sacré de toute vie humaine, vous pouvez apporter
une contribution significative à la cessation des hostilités qui ont
trop longtemps affligé cette terre. Je prie pour que votre présence
continue en Israël et sur les territoires palestiniens porte beaucoup
de fruits pour que grandisse la paix et le respect mutuel entre les
peuples qui vivent sur les terres de la Bible.
Monsieur le
Président, mesdames et messieurs, je renouvelle mes remerciements pour
votre accueil et je vous assure de mes sentiments de bonne volonté.
Puisse Dieu donner force à son peuple ! Puisse Dieu bénir son peuple
par la paix !"
Lahire