Je ne sais pas si l'on s'aimait ? Je ne crois pas que l'on s'aimait. Je sais que l'on aime pas ce qui est différent. On aime ce que l'on met en l'autre par petites touches de briques et de ciment. Et qui finit à l'intérieur, par faire un beau mur d'enceinte d'où l'on est certain qu'il ne pourra pas s'enfuir. Mais l'autre, qui est-il ? Une faille, une fissure. Par où nous finissons par le chasser. Vas t'en ! Lui hurlons nous, à bout d'humeurs mais c'est nous que par le subterfuge, nous cherchons à chasser. L'amour ne rend pas neuf. Aimer n'est pas nouveau.
Je sais que l'on aime que ce qui nous ressemble. Ça au moins, on sait que l'on peut le maîtriser. On croit. On dit "je t'aime" et puis l'on se taille en baissant les yeux. Car en baissant les yeux on s'offre le silence consentant de l'autre. Viens visiter mon absence, lui disons nous. Il vient. Nous n'y sommes pas. Nous n'y sommes jamais, pour personne. Ça nous rend fort, nous sommes fort du faible en l'autre.
Oui, mais moi je t'aime. Toi ! Toi ! Toi ! Et après ?