L'éditorial de Gérard Leclerc dans France catholique :
"En ce lundi, le pèlerinage du Pape est en son milieu. Notre vœu le plus
fervent se porte sur l’espoir d’un plein accomplissement pour cette
mission difficile, dont la première étape jordanienne aura constitué le
plus heureux prélude. Il faut porter au crédit du roi Abdallah II et de
son épouse le climat de concorde et de compréhension qui a permis à
Benoît XVI de s’exprimer en faveur du dialogue des religions et des
civilisations dans ses différentes interventions.
On retiendra
notamment son allocution à la mosquée Al-Hussein Bin-Talat d’Amman, où
il avait été notamment accueilli par le prince Ghazi, porte-parole très
pénétré de l’amitié entre les religions. Le Pape a répondu avec
beaucoup de résolution à ceux qui voudraient que le facteur religieux
conduise inéluctablement aux affrontements.
Il a dénoncé une
manipulation idéologique qui devrait faire prendre conscience aux
croyants de l’ardente obligation d’être fidèles à leurs commandements
de miséricorde et de paix.
Chrétiens et musulmans sont invités à
élargir « l’horizon de la compréhension » en utilisant « le vaste
potentiel de la raison humaine ». L’adhésion à la religion devrait
donc « protéger la société civile des excès de l’ego débridé qui tend
à absolutiser le fini et à éclipser l’infini », car elle assure que
« la liberté s’exerce main dans la main avec la vérité, et elle
enrichit la culture avec des vues relatives à tout ce qui est vrai, bon
et beau ».
D’évidence, c’est la seconde partie du voyage qui réservait
le plus de difficultés. Comment rendre justice aux uns et aux autres,
alors que les tensions sont au plus vif et que les débouchés
diplomatiques semblent dans une totale impasse ? Le conflit
israélo-palestinien ne laisse place en ce moment qu’au seul rapport de
forces, à ce point qu’un plaidoyer pour une solution politique risque
d’être considéré par le nouveau gouvernement israélien comme une
provocation.
Le pape intervient donc sur le terrain comme un prophète
désarmé. C’est sa faiblesse qui en l’occurrence pourrait lui conférer
une autorité morale. Encore faut-il trouver les mots qui touchent. Le
message de réconciliation religieuse qui a été si bien reçu en Jordanie
sera-t-il entendu en Israël et en Palestine ?
Benoît XVI a anticipé
sur le mont Nébo sa rencontre avec le peuple conduit jadis par Moïse.
C’est un message de confiance qu’il a lancé, en mémoire de « la
puissante œuvre accomplie dans le passé », qui invite à envisager
l’avenir avec un même regard. Refusant la fatalité du choc des
civilisations, le Pape invite au courage le plus haut, celui de la
compréhension et de la réconciliation".
Lahire