itinéraires

Publié le 12 mai 2009 par Cecileportier
Relevé hier, dans une réunion qui n'avait rien à voir, cette expression : "il faut des destinations crédibles".
C'est bien la question que je me pose tous les jours, et de savoir aussi, si la destination est crédible a priori, ou a posteriori.
J'opte souvent pour l'a posteriori, me privant du moment où (qui n'est d'ailleurs jamais une destination).
La mise en forme que l'on peut faire du réel, c'est à dire ce qu'on en cueille, sur quoi et comment on le dispose, et pour qui, tout ça me taraude et me chagrine souvent, comme ces derniers jours par exemple, où en passant en voiture devant des paysages j'avais envie de shooter, de noter, de prélever, en permanence, mais la vitesse, le temps, ne s'y prêtait pas.
J'aurais voulu comme ça, photographier deux panneaux d'indication de lieux-dits, l'un : "La Malaiserie", l'autre, avec une flêche directionnelle, "le Danger". C'était au bout du monde, au centre de la France, petits vallons perdus dans la verdure etc, et quelques heures plus tard j'aurais voulu en rapprocher les panneaux "LiberT" vu sur l'autoroute, les rapprocher pour les inverser, car ce nouveau système de prise en charge permanente de toute information sur nos trajectoires, sur nos destinations, crédibles ou pas, me semble effectivement signe de malaise et de danger.
Tout ça je ne l'ai pas pris, alors lot de consolation, manière de me désennuyer dans les embouteillages, j'ai pris mon bouquet en photo, fait en ouvrant seulement la portière avant le retour. 
Il avait déjà fané, ce qui en dit long sur la pérenité de nos tentatives de mise en forme.