Magazine Journal intime

Correspondances : L’heure bénie des gros…

Publié le 13 mai 2009 par Imparfaiteetalors
De : Anik
Envoyé : 13 mai 2009
À : Julie
Objet : L’heure bénie des gros…
Salut Julie!
Ça va ? Moi, très bien. J’adore les mercredis. Souper traditionnel, puis badminton… Je t’explique : chaque mercredi, nous nous installons religieusement au salon pour souper devant la télévision. En mère imparfaite que je suis, je refuse évidemment d’écouter Toc Toc Toc, Kaboum ou quoi que ce soit qui puisse être qualifié d’émission pour enfants. Alors, nous écoutons Qui perd gagne. Tu connais ? C’est cette émission où des obèses (américains, ai-je besoin de le dire? Iccchhh… la madame est méchante!) de 250 livres et plus (jusqu’à 360 livres, cette saison) tentent de perdre le plus de poids possible. Alors, chaque mercredi, on s’installe pour écouter «Les gros», petit sobriquet affectueux que l’on a trouvé à cette émission que nous avons préenregistrée.
Je ne sais pas pourquoi, mais les filles ADORENT écouter cela. « Les filles, est-ce qu’on écoute Les gros ? » Réaction : cris de joie et on se met à scander en cœur « Les gros ! Les gros! Les gros ! ». Gang de débiles, je sais, mais il faut bien que la folie sorte de temps à autre. Mon chum nous regarde, complètement découragé. Il fait la tête, mais il l’écoute attentivement quand même. Je pense qu’il refuse d’avouer qu’il pourrait s’intéresser à de la télé-réalité (même si, mine de rien, je réussis à lui faire regarder Occupation double et So You Think You Can Dance).
Enfin, tout cela pour dire que malgré l’apparence frivole de cette tradition, l’expérience demeure tout de même pédagogique. J’en profite pour expliquer aux filles quelques notions d’alimentation et de mise en forme. Elles comprennent maintenant, preuve à l’appui, que de manger du fast-food (peux-tu croire que la petite famille de 4 s’était commandé un plateau complet de beignes comme collation ?) et de ne pas faire d’exercice régulièrement peut mener à de graves problèmes de santé. Pas question de régime ou de privation, mais de respecter sa faim véritable et de bouger régulièrement. Je pense que c’est une belle leçon de vie.
Je ne sais pas à quel point le fait de voir de véritables personnes peut influencer les filles dans leur compréhension du phénomène de l’obésité, mais en tout cas, on a bien du plaisir à regarder l’émission. Et c’est aussi une belle leçon de persévérance et de courage, car il en faut beaucoup pour régler le problème rendu à ce stade d’obésité. J’admire les participants, même si je me demande sincèrement comment une petite lumière rouge ne s’est pas allumée avant qu’ils ne se rendent à un tel poids.
Et toi, tu fais comment pour leur faire comprendre quelles sont les bonnes habitudes de vie à intégrer pour conserver la santé ? En passant, où en es-tu avec ton poids ? Es-tu revenu à ton poids d’avant grossesse ?
Sur ce, a+. Je vais aller manger des chips devant la télé : bonnes habitudes oui, mais appliquées imparfaitement, comme tu peux voir… Je reviens du badminton, alors j’ai bien le droit...
Anik


Julie répond à Anik


De : Julie
Envoyé : 14 mai 2009
À : Anik
Objet : RE : L’heure bénie des gros…
Salut!
Tu m’en apprends toute une! Je reconnais là la pédagogue en toi qui vois un caractère pédagogique à cette émission pourtant apparemment éloignée du documentaire!
À vrai dire, nous n’avons pas réellement fait passer le cours « Alimentation 101 » et « La santé pour les enfants » aux filles, à moins que d’afficher éternellement sur le frigo le Guide quotidien pour les mamans qui allaitent compte pour une intervention éducative en bonne et due forme ;o). GrandeSoeur m’a bien déjà demandé à quoi cet aide-mémoire pouvait bien me servir et elle a tenté de classer le contenu de ses collations dans le bon groupe alimentaire de façon instinctive. Par contre, pour PetiteSoeur, ce tableau fait partie des meubles.
Je pense toutefois que de donner le bon exemple est la meilleure intervention qui soit. Voir PapaZen partir au hockey ou faire du jogging, voir MamanImparfaite transpirer sur son elliptique ou à son cours de danse leur laisse certainement penser que tous les adultes s’adonnent à une activité physique de leur choix. PapaZen ou moi accompagnons GrandeSoeur au yoga pour enfants ou à la danse créative (PapaZen affirme d’ailleurs fièrement son attirance pour cette activité, même devant ses collègues au regard suspicieux!). Quant à PetiteSoeur, elle bouge de façon hebdomadaire aux « tortues de mer » et aux « trotte-menus », activités en piscine et gymnase. Nous ne faisons qu’une activité par semaine, pas question de leur faire un agenda de PDG! C’est bien trop essoufflant pour nous :oP
Quant à l’alimentation, je me porte mieux depuis que j’ai lu Isabelle Émond et Marie Breton . Selon leur philosophie, on apporte les repas à la table, on prend plaisir à manger en famille et on laisse l’enfant faire le reste. Plus question de talonner ni de compter les bouchées. Ma responsabilité se limite à servir des aliments sains. Point. Et aussi, curieusement, à ne pas interdire les friandises. Fallait y penser : quand les aliments interdits deviennent disponibles de temps à autre, ils perdent de leur attrait. Tiens, tiens. Ces deux trucs ont réduit sensiblement mon potentiel de cheveux blancs!
Une mère imparfaite avertie en vaut deux!
À bientôt!
Julie
P.-S. 1 C’est vrai, j’ai déjà dit à GrandeSoeur, alors qu’elle était encore toute petite qu’il ne fallait pas pointer du doigt une personne corpulente en s’écriant « Oh la la, gros madame! » (c'était au moment où elle avait encore de la difficulté à accorder en nombre ses adjectifs). J’ai repris une variante de la leçon dernièrement lorsqu’elle m’a demandé innocemment (et tout à fait sérieusement) pourquoi S. avait un gros derrière. Que voulais-tu que je réponde? Je n’allais tout bonnement pas ridiculiser cette gentille S. en lui disant que c’était parce qu’elle mangeait mal ou qu’elle ne bougeait pas assez (des plans pour qu’elle me cite hors contexte!). Alors, j’ai risqué prudemment : « Bien, c’est comme ça. L’important c’est de ne pas le lui dire que tu as remarqué pour ne pas lui faire de la peine ». Je patine comme je peux.
P.-S. 2. Pour ce qui est de mon poids actuel, 6 mois après accouchement : je ne peux répondre à ta question sans la présence de mon avocat. ;0)

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