Sur la question de la mise en forme, toujours, j'ai aimé vraiment le dernier livre de Philippe Annocque, Liquide. Celui dont il est question dans ce livre, (le personnage, l'individu, le celui qui n'est pas le
narrateur, comment le qualifier? ) est tellement apte, tellement adapté, tellement adaptable, que de forme propre il n'en a pas. Il devient ce que le contexte fait de lui. Jusqu'à ce que le
contexte se lasse d'en être un et le laisse s'échapper, s'assécher.
Pour moi c'était comme un plaisir de cousinage de lire ce texte, avec l'indétermination comme personnage principal. Quand j'ai écrit Contact, c'est sur une route que j'ai placé un personnage similaire, tentant de suivre une trajectoire au choix
illusoire. Philippe Annocque rend l'immobilité du fluide encore plus criante : là, le personnage est assis devant une eau qui coule, et vers où ne sera jamais vraiment la question.
Et qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, exactement, qu'on soit plusieurs, au moins deux, mais évidemment beaucoup
plus que ça, à se poser cette même question, non pas franchement celle de l'identité, mais celle de la relation à l'autre, et comment ne pas le prendre ni pour un récipient,
ni pour une destination?