Il y a quelques mois, Laurence Ferrari qui se laissait quelque peu submergée par l’émotion, disait que l’élection d’Obama à la présidence nous faisait entrer dans une période « Color Blind », c’est-à-dire aveugle à la couleur, la différence. Mon sujet n’a aucun rapport avec Obama, mais je vais m’inspirer de cette formule pour décrire un tout autre phénomène que nous observons tous chez nous, et qui me semble très inquiétant : Nous voici dans l’ère « Parti blind ».
Ca faisait un moment que ça ne tournait pas rond. On a un Kouchner qui se retrouve au gouvernement Fillon, et un Besson qui fait le grand écart entre le PS et un ministère nauséabond de droite pure et dure. Je ne sais pas vous, mais la seule idée que ce mec ait pu être socialiste un jour entraîne chez moi soit l’envie de ne plus jamais remettre les pieds dans un bureau de vote de ma vie, soit l’apparition d’abdominaux dignes de ceux de Rafael Nadal tellement je suis morte de rire.
Nous croyions avoir tout vu tout lu mais que nenni. Il y d’abord eu DSK au FMI, et puis en février dernier, il y a eu la fameuse mission diplomatique à Cuba de Jack Lang pour le Président Sarkozy. Mes chers compatriotes, nous voilà devant cette réalité : il n’y a plus de parti politique. On ne peut plus parler de « majorité » et « d’opposition », mais de grand magma politique dans lequel on ne sait plus qui pense quoi et de quelle idéologie il se réclame.
Evidemment, à part ça, « y’en a que ça les arrange ». Un en particulier, qui a vendu son concept magnifique « d’ouverture ». Vous remarquerez au passage que « l’ouverture » ne se fait que dans un sens. Oui parce qu’on n’a pas encore vu un Copé rejoindre le NPA ou une Boutin faire ami-ami avec Mélanchon. Non, l’ouverture, cela ne marche que dans le sens des aiguilles d’une Rolex, pardon, d’une montre. Vous me direz, au milieu de cette ratatouille politique sans foi ni loi, il y a au moins quelque chose de positif avec les judas Fadela Amara, Besson, DSK, Lang, Kouchner (j’ai mis toute la nuit à le trouver) : au moins, avec eux, les choses sont claires.
Oui parce que ne vous n’êtes toujours pas au bout de vos surprises, il y a pire. Il y a ceux qui sont officiellement au PS, mais dont on a beau passer des heures et des heures à se demander en quoi ils sont socialistes, on ne trouve pas. Manuel Valls en est un parfait exemple, et à ce titre je lui décerne la palme d’or de l’hypocrisie politique. Il était récemment invité chez Ruquier. Fallait le voir, tout était de droite dans son discours. Seule sa carte d’électeur était socialiste, mais à mon avis, sa carte bleuit beaucoup trop en ce moment. Lui aussi se dit dans un trip « d’ouverture » en organisant des débats avec Besson sur l’immigration. Sur le plateau de Ruquier, il était là sur son fauteuil en train de répondre à Zemmour sur « l’angélisme de la gauche », et à dire qu’il fallait rénover le PS. Ca me fait trop rire cette expression. Ca doit bien faire 7 ans qu’on les entend dire la même chose : IL FAUT RENOVER LE PS. Moi, je suis d’accord, mais dîtes les gars, c’est quand qu’il commence le chef de chantier ? Car ça commence à faire un bail qu’on dit qu’il faut rénover, mais je vois que le chantier ne ressemble qu’à un grand terrain vague pourri rempli d’éléphants qui se bagarrent le toboggan. Donc, faudrait peut-être songer y aller là non ? A moins que le programme du PS se résume simplement à ça : « se rénover ». Je ne sais pas vous, mais moi je trouve que ça fait un peu light pour se faire élire.
Enfin, face à ce désert socialiste, on a François Bayrou, officiellement du Modem, mais dont on jurerait qu’il est à gauche au vu de ses déclarations. Bayrou a bien compris que pour avoir une chance de voir le couple Sarkozy déménager définitivement dans l’appart d’YSL d’ici 3 ans, il fallait avant tout miser sur cette formidable niche socialiste, affreusement défaillante depuis des années. Avec tout cela, je nous souhaite bon courage pour le vote prochain aux élections européennes. Au pire, il restera toujours le bonneteau de Sophie Marceau.