Lundi soir, il y avait Mots Croisés sur France 2,
deux sujets au programme ; le procès FOfana et les 2 années de Nicolas Sarkozy.
Dans le second débat et pour tenter de faire un bilan de début de mandat présidentiel, il y avait Caroline Fourest, Rama Yade, Gisèle Halimi et Jean d'Ormesson.
J'ai fait un truc de dingue dis donc, j'ai pris un bloc, un Bic et j'ai retranscrit, vite vite et en mettant sur pause de temps en temps, ce que disait cette femme. Parce que sa pensée de lettrée,éclairée mettait des mots sur mon mal à ma France que je ressens (j'ai essayé d'être le plus précise possible et bien sûr, tout ceci n'est pas contractuel) :
A la question d'Yves Calvi sur le bilan de Nicolas Sarkozy, voilà ce qu'elle a répondu :
" La France avait envie d'être bousculée.....et pour beaucoup d'entres nous, elle l'a été, bien au-delà de ce qu'ils imaginaient.
Depuis 2 ans, nous avons eu beaucoup de discussions, souvent stériles, sur le style présidentiel, mais on a souvent oublié de parler du fond des réformes qui sont menées et de l'endroit où elles nous emmènent.
Depuis 2 ans, nous ne sommes plus dans la même France.
Beaucoup (dont moi le scribe du jour) ne pensaient pas qu'on irait si vite et si loin dans la destruction du modèle français.
Qu'est-ce le modèle français :
- une république laïque qui ne distingue pas ses citoyens même pour faire de la discrimination positive,
- une république qui a une certaine conception de l'école, comme quelque chose de central, et qui croit en la présence d'un état fort, qui distribue, qui partage, des services publics, une protection sociale que le monde nous envie....
Sur tous ces plans, avec plus de 70 réformes, l'état s'attaque au modèle français et le fragilise, les franchises médicales, les réformes de l'hopital etc.....
Le chef de l'état tente de nous expliquer que cela n'a rien à voir avec la logique d'entreprise, mais ce n'est pas vrai.
On est en train de fabriquer des pôles technocratiques qui n'ont qu'une idée; optimiser l'hopital en fonction de la rentabilité des soins.
L'attaque contre l'école publique par exemple, elle n'était plus à la hauteur de sa mission c'est un fait, mais nous avions là une occasion unique de la renforcer !!!
Au lieu de cela, nous sommes en train d'accéler sa chute, de faciliter son agonie au profit de l'école privée catholique.
Le "plan Espoir Banlieu" n'a plus beaucoup de moyens (fadela Amara qui à l'heure où j'écris cette note se tâte toujours, UMP pas UMp sa vie est un enfer) pour rétablir l'égalité sociale dans les quartiers difficiles mais il en trouve sans problème pour ouvrir des classes catholiques privées en banlieu.
L'Etat organise la propre concurrence de son service public et participe ainsi à sa chute....
Le gouvernement a été élu sur un programme qui était d'amoindrir la puissance publique sous prétexte de remettre de la compétitivité et de la productivité dans ces domaines.
(Soit. On peut être d'accord après tout....)
Mais la crise économique est arrivée, elle a montré que notre modèle de régulation des puissances publiques était quelque chose de bien, qui nous protégeait du gouffre que connait le modèle anglais et américain.
Alors le président essaie, comme il peut, de corriger par des discours sa trajectoire initiale, mais dans les actes il continue d'être sur son diagnostic économique (sa fascination pour le modèle américain, les subprimes etc...) bien qu' invalidé par la crise.
Il continue à détruire la puissance publique et il masque cette destruction progressive des services publics par une hyper-présidence qui nous fait (parfois) oublier qu'elle est belle et bien en train de vaciller."
(merci Caroline)
Quoi que l'on pense du chemin que prend la France, on peut s'en réjouir ou en être mortifié, mais
il faut juste avoir bien conscience qu'elle est train de changer, que toutes les valeurs qui faisaient la France sont transgressées.
Profondément.
QU'il n'y aura probablement pas de marche arrière possible.
Et que ?
Gisèle Halimi a dit un truc très beau d'Aragon : "je me sens en étrange pays dans mon pays lui même".
Il faut (re)voir quelques épisodes de "Urgences", le film "Minority Report" tiré de la nouvelle de Philip K.Dick et tous les films de Ken Loach si l'on veut se faire une idée de ce nouveau monde qui va être trop bien.
(je sais pas. Je sais plus. Chuis perdue, veux mourir!!!!! veux que mon fils revienne à la maison, oui je sais c'est la life, on fait des enfants pour qu'ils... gna gna gna, m'en fout !!! merci à toi copine au napperon sacré de star qui a tenté de me remonter le moral mais je veuuuuuux qu'il revienne. Point.)
Ce n'est pas la dissolution totale et définitive dans le Sarkozysme décomplexé, des héritiers (qu'ils disent ou qu'ils croient) de François Mitterrand, qui va m'aider à avoir une réflexion moins épidermique et plus juste sur la situation actuelle de mon païs.
Le PS est en train de crever et quand je vois les atermoiements d'un "certain", les "retournements de veste " d'un autre mamouth, les réflexions d'un vieux gateux en quête d'un peu de lumière, les excuses en bois d'un "jeune" con, j'ai plus du tout envie d'être en empathie avec le mourant, j'aurais plutôt besoin de sortir l'arbre à gifles et de l'achever à grands coups de lattes,
dans ta gueule !!!
et de voter écolo aux prochaines élections ainsi qu'à toutes celles qui suivront. (je sais je me répète)
Parce qu'il n'y a plus que cette cause ; la planète, la couche d'ozone, la disparition des icebergs et de la forêt amazonienne et la survie du thon rouge en eau salé qui me fasse "bander" (si je réfléchis un peu) et qui me donne envie de taper avec mes petits poings aux ongles manucurés de ce matin, sur tout ce qui bouge.
Pardon, mais je laisse tomber Martine et cie. Qu'ils se démerdent....
Et parce que je ne pourrais pas mieux dire que ce Fred Vargas* a écrit pour Europe Ecologie, voilà ce qu'elle dit des raisons de son engagement écologique :
"Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.
Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. (....)« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? »(..). On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi.
(...)S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore".
Ou pas.
Par jour.
436 euros par jour.
Sachant qu'un numéro de Vogue coûte 4,90 euros.
....
Je vous laisse, j'ai encore deux ou trois gnous à tuer.
Ca ne sert à rien mais ça soulage.