Magazine Journal intime

Chaussures de vacances

Publié le 13 mai 2009 par Dunia

Pieds de douze ans

Comme un garçon(net)

Quand je pars en vacances visiter une ville, ses musées et ses monuments historiques, surtout si elle est pentue et accidentée comme Porto, je choisis mes chaussures avec soin car j’ai les pieds de la princesse au petit pois. Chaque fois que je me déchausse devant des mômes, ils rient en voyant mes extrémités enchaussetées!

-T’as les chausseeeettes à l’enveeeeeeeeers!

Je leur explique alors que ce n’est pas un oubli, que je porte exprès les chaussettes à l’envers, sinon la couture me blesserais les orteils. Étonnés, muet de stupéfaction, ils me regardent droit dans les grands yeux avec les leurs ronds comme des phares, essayant sans doute de percer les mystères de cette drôle d’adulte qui ne fait rien comme les adultes chargés de les éduquer. En revanche, comme la vérité ne sort que de la bouche des enfants, quand j’enlève les souliers devant leurs parents, ils se taisent en pensant certainement que je suis encore plus distraite que j’en ai l’air! Ben non! Pas tant que ça! Je n’oublie JAMAIS d’enfiler mes chaussettes à l’envers, et même si cela m’arrivait, mes pieds me rappelleraient tout de suite à l’ordre. C’est dire si le choix des chaussures pour barouder dans une ville s’avère primordial et délicat pour que je puisse éprouver du plaisir en vacances. Cette préciosité de ma plus extrême partie inférieure est un legs qui, dans ma famille, se transmet de mère en fille. Je le tiens de ma mère, qui le tient de ma grand-mère qui le tient elle-même de mon arrière-grand mère qui le tenait de… enfin on ne sait plus très bien, mais cela remonte à une époque où les hommes considéraient les pieds des femmes comme une partie du corps hautement érotique et raffinée, surtout si la demoiselle avait le pied petit, étroit et d’une jolie cambrure. Je suis certaine que plus d’une de mes ancêtres a dû rendre fou les hommes avec ses pieds. De nos jours, c’est moi qui devient folle à trouver les chaussures qui me siéent. Pour cette raison, j’ai tendance à les user jusqu’à la corde or, en ce moment, mes souliers de baroudeuse citadine sont râpés jusqu’au fil, ce qui convient pour promener ma chienne dans les rues chaux-de-fonnières mais certainement pas pour visiter Porto, d’autant que mes paires de chaussures sont toutes trop chaudes, trop couvrantes, trop prévues pour la météo d’ici, alors que par temps chaud mes pieds nécessitent impérativement d’être au frais. De plus, pour être certaine de ne pas souffrir, il me faut les former, les casser, ce qui ne me dispense jamais totalement de l’usage du protecteur sparadrap les trois premiers mois d’usage.

Prenant mon courage à deux pieds, hier j’ai marché jusqu’au magasin de chaussures les plus proche de chez moi, à cinq minutes, une sorte de paradis de la godasse qui exhibe une surface de plusieurs centaines de mètres carrés, couverte de rayons ou s’amoncellent des souliers divers qui laissaient croire qu’il serait facile de trouver comment habiller confortablement mes petons. Que nenni! Pourtant mes besoins étaient simples: une paire de chaussures de sport en toile et une paire de sandales.

Dans le coin des femmes, que des modèles importables à moins d’avoir un goût prononcé pour le masochisme et l’automutilation. Même les sandales plates étaient confectionnée de manière à ne pas échapper à la lanière torsadée qui scarifie la chair. A ma taille, un petit 36, ce qui s’approchait d’une chaussure de sport exhibait des couleurs rose ou bleu layette avec des diamants incrustés qui dessinaient des petits coeurs. De plus, à vue de nez, d’un design totalement inconfortable. A force de tourner entre les rayons, au bout de 20 minutes j’ai enfin trouvé ce à quoi j’aspirais: des chaussures d’athlétisme en toile et des sandales pour me balader au marché au poisson. Problème: la plus petite taille commençait en 39. Sgreugneugneu! La moutarde me montait sérieusement au nez. J’ai pris une sandale et suis allée la montrer à la caissière -fort aimable- après en avoir longtemps cherché une vendeuse, puis fait la queue, car c’est le genre de commerce qui fonctionne avec trois collaboratrices forcément toujours introuvables ou occupées. Je lui ai montré ce que je voulais:

-Vous n’auriez pas la même chose en 36?

-Oui bien sûr. On en a chez les petits garçons!

Sur ce, elle a prit son micro.

-Maria, tu peux venir à la caisse s’il te plaît?

Trois interminables minutes plus tard Maria, très sympathique elle aussi, arrivait à la caisse.

-Madame cherche des sandales pour petit garçon. Tu peux lui montrer le rayon?

Et me voilà en train de suivre la souriante Maria, et de lui glisser qu’il me semblait incroyable de ne pas trouver de chaussures confortables chez les adultes, que décidément les jeunes femmes d’aujourd’hui ont des pieds comme des transatlantiques. Ses yeux se sont arrondis.

-Ah bon c’est pour vous? Je croyais que c’était pour votre fils!

Sgreugneugneu! Ben non c’est POUR MOI pas pour un fils que je n’ai pas! Et vous savez quoi? J’ai enfin acquis mon bonheur. En revanche, je n’ai pas compris pourquoi mon 36 s’est soudainement transformé en 35! L’Europe aurait-elle obligé la Suisse à revoir la mesure des pieds ou les miens auraient-ils rétrécis? Toujours est-il que c’est ainsi que largement adulte, je me retrouve avec les petons dans des godillots de garçonnet de douze ans.

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Les chaussures en toile, je les forme lorsque je sors ma chienne. J’ai déjà repéré ou elles me font mal -ben oui c’est ainsi au début TOUTES les chaussures me font mal, même les plus confortables- et où je devrais prévenir les bobos en couvrant le pied de sparadrap.

13509sandales.1242229951.jpg

Les sandales je les casse à la maison, en les enfilant comme des pantoufles. Naturellement, j’ai déjà remarqué où elles frottent.


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