Le petit carnet du prince charmant (gballand)

Publié le 14 mai 2009 par Mbbs
Il les abordait toutes de la même façon : « Tes yeux sont deux lacs où se reflètent le soleil », si elles avaient les yeux bleus ou « Tes yeux sont deux sous bois où je voudrais m’enfoncer. », si elles avaient les yeux marrons. Il  n’avait jamais douté de ses talents  : 1 mètre 85, 85 kilos, des cheveux bruns, des yeux marron clairs, et un torse de body builder. Toujours moulé dans son jeans qui mettait en valeur ses fesses et son sexe – « Number one » comme il le désignait en riant – il passait ses nuits à écumer  discothèques et  cafés.
Quand il se campait devant une femme, il savait que l’affaire était dans le sac. Sexuellement parlant, il n’avait jamais failli. Au début il la jouait « fleur bleue » - elles attendaient toutes le prince charmant, même à 70 ans  - mais quand elles avaient mordu à l’hameçon, il accélérait la cadence. Lui, ce qu’il voulait, c’était que ça débite, comme dans les supermarchés au moment de Noël !
Sur son carnet – qu’il avait ironiquement nommé « Le petit carnet du prince charmant » - il en était arrivé  à 100, pas mal en si peu de temps. Après chaque prénom, il notait l’âge, les mensurations  - au jugé - et le nombre de fois où il avait fait l’amour avec chacune d’entre elles.  Ses statistiques révélaient une moyenne de deux relations par tête de pipe. Jamais il ne laissait  son adresse ou son numéro de téléphone, question d’éthique.
Il était au chômage depuis un an. Ce qui l’inquiétait, ce n’était pas tant le chômage  que la fille de L’ANPE qui commençait à lui chercher des noises. Elle disait qu’il n’était pas assez « dynamique » dans sa recherche d’emploi. Il faut dire qu’avec les nuits qu’il passait, il était sur les genoux. Il aurait pu la coucher sur son carnet, elle aussi, mais il préférait ne pas mélanger le boulot et le plaisir. De toutes les façons, il n’y perdait pas grand chose, c’était un thon.
Maintenant que la machine était bien huilée, il se disait qu’il pourrait peut-être en faire son métier parce que, toute modestie mise à part, souvent, elles en redemandaient. Sauf que, mardi dernier, il avait eu une panne, oh,  rien d’inquiétant, juste un soir, mais…