Cet article, comme on ne le dirait pas, est la suite de
celui d'hier. Mais il n'est pas du tout sur le même ton...
On va causer psy, aujourd’hui. D’abord parce que le travail que je fais
depuis plus d’un an et demi me passionne. Ensuite parce que les méthodes employées, parfois, pour retrouver le nœud d’un problème qui se répète inlassablement me passionnent tout autant !…
Comme je trouve ces raisons-là largement suffisantes, je
t’invite donc, en douceur, à rentrer dans cet infâme bordel qui me tient lieu de tête…
Je te souhaite un bon voyage… Accroche-toi, ça va secouer !!!
Je suis de nature très émotive.
Ce que cela signifie est fort simple : lorsque je suis simplement contente, je suis TRES contente. Lorsque je suis triste, je suis TRES triste. Quand j’ai le moral, j’ai la méga patate. Quand je ne l’ai pas, je suis au fond du trou. Quand je suis en colère, je pète un plomb, quand je suis calme, je suis TRES calme… (Mais celui-là arrive beaucoup moins souvent que les autres, va savoir !!!)
Il n’y a pas de gris. C’est tout blanc ou c’est tout noir. 0 ou 1.
Mes trouilles sont diffuses. Pas constantes. Je les garde, profondément et elles ressurgissent en bouffées d’angoisses qui me paralysent la tête (j’exagère, bien sûr, pour donner à voir). Celle-ci ne fonctionnant d'un coup que pour étayer les peurs et prouver par tous les moyens à sa portée, qu’elles sont vraies. Réelles. Fondées. Jalousie. Doutes en tout genre. Tout et n’importe quoi y passe.
Cela arrive en général lorsque je n’ai pas le moral ou lorsque je suis fatiguée puisque souvent, les deux sont liés. Je ne le sens pas forcément venir, par contre je sens l’angoisse qui monte, qui m’envahit et qui fait tourner le cerveau dans le vide, telle une tête chercheuse d'ogive nucléaire... Prête à tout pulvériser, tout griller sans laisser aucun survivant (c'est moche, je sais ;o). Ca épuise. C’est crevant. Et surtout, surtout cet inconscient-là, me fait honte. On n’ose pas en parler. Et on reste là. « Bouffée » par ces trouilles sans fondements. Qui sont. Parce que… Parce que RIEN. On tente de les mettre de côté. On n’y arrive pas. Elles reviennent encore plus fort. On finit par en parler à l’autre. La honte ne disparaît pas et on se trouve bien en mal d’expliquer pourquoi on les ressent…
Lorsque je n’ai pas le moral, je deviens fragile sur la question de la confiance en moi. C’est un mal que j’ai toujours connu. Qui n’est pas mauvais en soi, sauf quand il prend des proportions trop importantes et qu’il fait douter de sa valeur-même. Du fait que l’on mérite l’autre ou pas… Bref. Ce n’est pas si précis. C’est diffus. Pourtant c’est là…
Ces derniers temps, mes angoisses sont ressorties. Et je me suis rendue compte qu’elles devaient avoir des explications. Des raisons d’être. Raisonnables ou non. La tête, parfois, c’est tellement compliqué ! Des schémas se forment et la tête agit toujours de la même façon. Comme un calque. Et on agit inconsciemment, en suivant exactement ce schéma. Comme un robot, dans lequel on aurait implanté des programmes de "réactions"...
Je me doutais que mes angoisses répondaient sûrement à un tel schéma. Inconscient.
Lors des dernières séances nous avions parlé de tout cela. De la façon dont mes angoisses me saisissaient. Sur quoi elles portaient. Comment elles me faisaient agir, penser… Puis, comme il s’agit d’angoisses qui se répètent depuis des lustres, on a cherché à savoir d’où elles venaient. On a décortiqué le schéma familial, les rapports avec ma sœur. Le manque de confiance en soi de ma mère, ses doutes constants sur mon père… On tâtonnait. On trouvait des choses, mais rien de bien frappant.
Lundi dernier, nous avons fait un « exercice ».
Le dernier en date était l’épisode de la petite fille au manteau bleu que j’ai narré ici, et qui a eu pour conséquence de défaire un incroyable nœud d’angoisses qui duraient depuis 30 ans…
Elle m’a demandé de prendre des tabourets.
Un pour moi. Les autres censés matérialiser mes peurs. Un pour chacune. J’ai réfléchi à haute voix que finalement mes peurs essentielles n'étaient qu'une seule et même peur revêtant divers « habits ». Elle m’a donc demandé de placer ce tabouret en fonction de la proximité ou au contraire de la distance entre elle et moi.
J’ai placé le tabouret juste derrière moi.
Ensuite, il s’agissait pour moi de changer de tabouret afin de discuter « face à face » avec cette peur. En l’incarnant. Pour ce faire, il est indispensable de se défaire du regard extérieur que l’on porte sur ce qu’on est en train de faire. Cela peut être un peu long avant d'OSER. J’ai donc fermé les yeux. La thérapeute posait des questions selon s'il s'agissait de moi ou de ma peur. J’ai fermé les yeux et j’ai laissé parler mon angoisse, et moi-même, au gré de mon emplacement sur les tabourets. Et mon angoisse a répondu. Elle a répondu aux questions « pourquoi », « comment », « dans quel but ».
Ensuite la thérapeute m’a demandé si cette angoisse se personnalisait. Si je voyais une personne quelconque en particulier susceptible de l’incarner. J’ai dit « oui »… Je me suis assise sur l’autre tabouret. Et j’ai incarné cette personne. J'ai parlé pour elle, puis avec elle. Je lui ai dit ce que je gardais d’elle autant que ce que je lui « rendais », ce dont je ne voulais plus.
Je me suis rendue compte que je confondais purement et simplement
prudence et méfiance, me poussant non pas seulement à craindre une chose qui de toute façon peut arriver mais à douter de la personne. Et c'est là l'erreur. Sans l'exercice, je n'aurais jamais
réaliser cette faute de vocabulaire. Cette erreur qui venait finalement de loin, de bien plus loin que mon adolescence.
Je sais que pour quelqu’un d’extérieur, ça peut paraître curieux, ou
« barge », un peu, ce genre de mise en scène… Pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, ça fonctionne ! A la fin de l’exercice je me suis sentie déstabilisée. Sûrement
parce que j’ai senti qu’au fur et à mesure ce grand noeud se dénouait…
Cet exercice a eu lieu lundi. Pendant deux jours je suis restée sonnée. Dans l'expectative. Comme si ma tête s'était mise en veille pour faire le tri. Aujourd'hui je me sens comme dépliée. Comme si les choses étaient rentrées dans l'ordre. Je ne m'emballe pas, j'attends de voir...
Ce genre d’exercice est bouleversant parce que parler ainsi avec le plus
profond de sa tête, c’est un truc pas banal.
Ca fait un drôle d'effet de sentir que le travail avance encore. De dénouer un à un les grands nœuds qui m’empêchent encore d’être en paix avec moi-même. Savoir qu’en guérissant de ces angoisses, je pourrai mieux recevoir mon Autre, et donc, par voie de conséquence, mieux lui donner, mieux l'aimer, disons de façon plus apaisée…
Mais quelle difficulté de reconnaître ses failles et d'aller au coeur de soi-même pour tenter de régler ce qui, parfois, tente de gâcher le bon de la vie qu'on a...