Remember Tchernobyl.

Publié le 15 mai 2009 par Mélina Loupia
Mercredi, c'est le jour des petits.
On a banni les raviolis depuis qu'on a constaté une recrudescence de mise en échappement libre et autres dégazages sauvages dans la tribu.

Et comme j'y étais, je suis allée voter un budget avec mes camarades.
Qui dit réunion dit apéritif de congratulations.
"Fiou on est bien contents d'avoir voté.
-Et oh! Et ça donne l'occasion de se voir.
-Tu crois que je peux prendre les cacahuètes ET une part de pizza?
-Si t'as encore une main libre pour le kir."

Qui dit apéritif, dit repas convivial.

"Y a pas à dire, le budget, ça creuse.
-Oui, surtout quand il pleut.
-Tu finis pas ton melon?
-Non, j'attends de le tremper dans le rouge."

Super salade composée, super filet de boeuf, super gratin, super Gouda et super Saint-Honoré, super café Robusta de sa mémé.

Super retour à 17 à l'heure de moyenne cause grosse fatigue et brouillard qu'on aurait dit la chantilly du dessert.

Dans ma tête, le menu du lendemain, les kilomètres à parcourir, le timing tendu comme un string et l'endorphine au taquet.

Je rentre, je signale ma présence et je file me coucher.
Je ferme la porte de la chambre afin de me retrouver en situation d'insonorisation pour mater la télé en faisant l'étoile dans le lit.

Quand survient la petite nausée.
Le gros ballonnement.
Le boyau qui se tord, les virages qui se négocient avant la grande descente ultime vers la libération à l'air libre du produit magique de la digestion.

La petite louise qui, l'air de rien, sournoise et à peine audible, qui fait monter le fondement en température et promet de ne plus faire parler d'elle une fois libérée.
Le gaz autonome qui fait sa vie tout seul une fois émancipé.
La caisse qui ne connaît pas encore Hadopi quoi.

Comme TOUT LE MONDE, me sachant seule et en paix avec mes pets, je soulève délicatement la couette, histoire d'apprécier l'avancement des travaux, savoir quand j'entame la seconde tranche, à savoir opération caca. On est jamais trop prudent et en fonction du fumet dégagé, on peut aisément anticiper et tabler sur un horaire approximatif du dépôt de bilan.

Comme TOUT LE MONDE, je me félicite du travail accompli, me dis que celui-là, il devait pas payer le loyer.

Comme TOUT LE MONDE, je fabrique le rictus de l'auto-satisfaction et j'ai presque hâte de l'acte 2.

Lequel ne tarde pas à débouler sur les planches.
Plus enhardi que son prédécesseur, arrivé en simple éclaireur.
Plus tapageur dans l'acoustique. De la bonne basse de techno des années 80, que ça m'a presque fait battre la mesure avec le gros orteil.
Mais surtout, plus dangereux pour l'environnement.

C'est le moment où j'effectue une vérification que le conjugué choisit pour pénétrer les lieux qu'il pensait paisibles, dans lesquels il trouverait sa princesse endormie, offerte et surtout l'haleine fraîche.

Au lieu de ça, il refoule une toux nauséeuse, se frotte les yeux et m'accuse.

L'autre.

"Putain mais c'est Tchernobyl ici, j'ai les yeux qui piquent et le dessert qui flirte avec la glotte là, t'es pourrie, pour un peu j'irais dormir dans le cellier, malgré la poubelle éventrée et la litière à changer.
-Oh ça va, c'est probablement le café de ce soir.
-Excuse en bois, le café, ça fait taper le coeur, pas le cul.
-De toute façon, c'est bien connu, les caisses des autres sont toujours immondes alors que les siennes sont de parfaites natures mortes.
-Non mais là, je me dis carrément que si on te colle un compteur Geiger dans la raie du bus, t'es radioactive."