Entièrement réécrit au dernier moment, le voici en intégralité (sources : ESM et Evangelium Vitae) :
"Monsieur le président,
Monsieur le premier ministre
Excellences, mesdames et messieurs,
Alors que je me prépare à repartir pour Rome, permettez-moi de partager
avec vous quelques-unes des puissantes impressions que m’a laissées mon
pèlerinage en Terre sainte. J’ai eu des discussions fructueuses avec
les autorités civiles d’Israël comme des Territoires palestiniens, et
j’ai été le témoin des grands efforts que font les deux gouvernements
pour assurer le bien-être des populations. J’ai rencontré les
responsables de l’Église catholique en Terre sainte, et je me réjouis
de voir comment ils travaillent ensemble au soin du troupeau du
Seigneur. J’ai eu aussi l’opportunité de rencontrer les responsables
des différentes Églises chrétiennes et communautés ecclésiales, aussi
bien que les responsables des autres religions en Terre sainte. Cette
terre est vraiment un terrain fertile pour l’œcuménisme et le dialogue
interreligieux, et je prie pour que la riche variété de témoins
religieux dans la région trouve son fruit dans une compréhension
mutuelle et un respect croissants.
Monsieur le président, vous et moi avons planté un olivier dans votre
résidence le jour où je suis arrivé en Israël. L’olivier, comme vous le
savez, est une image utilisée par saint Paul pour décrire les très
étroites relations entre les chrétiens et les juifs. Paul décrit dans
sa lettre aux Romains comment l’Église des gentils est comme un rameau
d’olivier sauvage greffé sur l’olivier cultivé qui est le Peuple de
l’Alliance. Nous sommes nourris aux mêmes racines spirituelles. Nous
nous sommes rejoints comme des frères, des frères qui, à un moment de
notre histoire, ont eu une relation tendue, mais qui sont maintenant
fermement engagés à bâtir les ponts d’une amitié durable.
La cérémonie au palais présidentiel a été suivie par l’un des moments
les plus solennels de mon séjour en Israël, ma visite au Mémorial de
l’Holocauste à Yad Vashem, où j’ai rencontré quelques-uns des
survivants qui ont souffert des démons de la Shoah. Ces rencontres
profondément émouvantes m’ont remis en mémoire ma visite, il a trois
ans, au camp de la mort d’Auschwitz où tant de juifs – mères, pères,
maris, épouses, frères, sœurs, amis – ont été brutalement exterminés
sous un régime sans Dieu qui propageait une idéologie d’antisémitisme et de
haine. Cet épouvantable chapitre de l’histoire ne doit jamais être
oublié ou nié. Au contraire, ces sombres souvenirs devraient renforcer
notre détermination à nous rapprocher toujours plus les uns des autres
comme des branches du même olivier, nourries des mêmes racines et unis
dans un amour fraternel.
Monsieur le président, je vous remercie de la chaleur de votre
hospitalité, que j’ai grandement appréciée, et j’aimerais qu’on se
souvienne que je suis venu visiter ce pays en ami des Israéliens, tout
comme je suis un ami du peuple palestinien. Les amis aiment passer du
temps en compagnie ensemble, et ils sont profondément bouleversés de
voir l’autre souffrir. Aucun ami des Israéliens et des Palestiniens ne
peut éviter d’être triste de la continuelle tension entre vos deux
peuples. Aucun ami ne peut éviter de pleurer à la souffrance et aux
pertes en vie humaine que les deux peuples ont endurées durant les dix
dernières décennies.
Permettez-moi de lancer cet appel à tous les
peuples de cette terre : plus d’effusion de sang ! Plus de combats !
Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Brisons plutôt le cercle vicieux
de la violence. Que s’établisse ici une paix durable basée sur la
justice, que s’établissent ici une réconciliation et une guérison
véritables.
Que soit universellement reconnu le droit de l’État
d’Israël à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des
frontières internationalement reconnues.
Et que soit de même reconnu
que le peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine et
indépendante, de vivre avec dignité et de se déplacer librement.
Que la
solution de deux États devienne une réalité, et ne reste pas un rêve.
Et que la paix jaillisse de ces terres, qu’elles soient « lumière des
nations », apportant l’espérance à tant d’autres régions affectées par
les conflits.
Une de mes plus tristes images au cours de ma visite sur ces terres a
été le mur. En le longeant, j’ai prié pour un avenir dans lequel les
peuples de la Terre sainte pourront vivre ensemble en paix et en
harmonie, sans plus avoir besoin de telles mesures de sécurité et de
séparation, mais plutôt dans le respect et la confiance mutuels, et en
renonçant à toute forme de violence et d’agression. Monsieur le
président, je sais combien il est dur d’atteindre ce but. Je sais
quelles sont les difficultés de votre mission et celles de l’Autorité
palestinienne. Mais je vous assure que mes prières et que les prières
des catholiques à travers le monde sont avec vous quand vous persévérez
dans vos efforts pour bâtir une paix juste et durable dans cette
région.
Il me reste maintenant à exprimer, du fond du cœur, mes
remerciements à tous ceux qui ont contribué de tant de façons à ma
visite. Je suis profondément reconnaissant au Gouvernement, aux
organisateurs, aux bénévoles, aux médias, à tous ceux qui ont procuré
l’hospitalité à moi et à ceux qui m’accompagnaient. Soyez assurés que
je me souviendrais de vous avec affection dans mes prières. À tous, je
dis : merci, et que la paix soit avec vous. Shalom !"
Addendum : on me signale ce très beau clip de KTO sur le voyage de Benoît XVI.