Rolland Balalas, secrétaire général du groupe socialiste au conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, était le pivot des attributions d'aides publiques aux associations dans les quartiers Nord de Marseille. Il était en outre l'assistant de la députée Sylvie Andrieux (photo). Balalas est aussi, à présent, le principal témoin à charge des pratiques occultes du PS phocéen. Il a déclaré au juge Franck Landou, qui l'a mis en examen en juin 2008 pour «complicité de détournements de fonds publics» :
"Le fait d'aider abondamment les associations est le résultat d'une stratégie politique ; les vannes sont ouvertes en grand dans un but que l'on peut qualifier d'électoraliste et de clientéliste. Mme Andrieux utilise sans discernement les fonds publics sans se soucier de ce qu'il y a derrière, juste pour sauvegarder ses intérêts électoraux et politiques. C'est-à-dire qu'elle se fout complètement de savoir si ce que l'on finance est bon ou pas, dans la mesure où ça augmente sa popularité dans les quartiers."
Le magistrat reconstitue un stupéfiant puzzle : une galaxie d'associations gigognes aux noms passe-partout et aux buts incertains qui ont reçu des millions d'euros de subventions dont l'essentiel a été distrait de leur finalité sociale. Créées par un petit groupe d'individus influents dans les cités, toutes ont été subventionnées par la région au titre de la politique de la ville sans que jamais personne ne vérifie l'usage des fonds. Résultat : loin d'avoir servi à des actions d'insertion, ces sommes ont été détournées et leur trace se perd dans un labyrinthe de retraits d'espèces, de fausses factures et de dépenses personnelles-des ordinateurs jusqu'aux voitures de luxe.
Animateur de plusieurs associations fantômes, Benyoub Same a précisé les termes de l'échange :
"En contrepartie des subventions, je m'étais engagé auprès de Rolland [Balalas] à être disponible lors des élections sur le secteur : cela signifiait amener des gens aux meetings de Sylvie [Andrieux], faire de la propagande pour elle, ce genre de trucs."
Placé en garde à vue le 19 février, le directeur de l'aménagement au conseil régional, Guillaume Lalange, l'a confirmé :
"Les subventions octroyées aux associations des quartiers Nord font partie d'un système électoraliste."
L'enquête du juge Franck Landou montre qu'à partir de 2004 le montant des subventions allouées aux associations phocéennes s'est multiplié d'année en année, pour atteindre 15 millions d'euros en 2006, 16,5 millions en 2007 et près de 18 millions en 2008.