Les personnes qui, dans leur
jeunesse, ont eu le malheur de se laisser aller à l’amour et à la jouissance
des plaisirs sensuels, et qui néanmoins dans la suite forment le dessein et
prennent la résolution d’entrer dans une communauté religieuse, doivent
s’exercer avec le plus grand soin dans les règles austères de la sobriété et de
la tempérance, se donner entièrement aux exercices sacrés de la prière, refuser
sévèrement à leurs corps tout plaisir et tout ce qui pourrait leur procurer des
jouissances et de la joie, et s’abstenir de toute sorte de dérèglements et de
sensualités, dans la crainte que leur dernier état ne devint plus mauvais que
le premier (cf. Mt 12,45). Car la religion est un port où l’on trouve le salut;
mais on peut aussi y trouver le naufrage, et ceux qui voyagent sur cette mer
spirituelle peuvent attester cette vérité. Ah ! Que c’est un déchirant
spectacle de voir des gens qui, après avoir traversé la mer orageuse du monde,
viennent misérablement faire naufrage et périr dans le port. Voilà donc le
second degré; si vous y montez, que votre fuite vous fasse imiter Loth, et non
sa femme.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la Nécessité de
se dépouiller des affections et des soins pour les choses de ce monde»