Samedi, j’étais aux urgences du CHU, une entorse ; non, pas moi, mon fils. Moi, les seules entorses que fais, c’est au régime. En trois heures, j’ai eu le temps d’assouvir ma curiosité : défilé de blouses blanches, ballets de brancards, pompiers en uniforme, policiers, SDF etc. Et puis une femme est arrivée, la main enveloppée dans un mouchoir. Questions traditionnelles à l’Accueil, on lui demande ce qui lui est arrivé. Elle dit qu’elle s’est fait mordre par son mari. On lui fait répéter. Elle répète. On la regarde d’un drôle d’air. On lui demande si elle est vaccinée contre la rage ? Non répond-elle.
- Votre mari est-il atteint d’une maladie contagieuse ?
- Non, rétorque-t-elle, à moins que… et puis elle se ravise.
Elle vient s’asseoir à côté de moi, c’est la dernière place qui reste. Je m’ennuie tellement – deux heures d’attente - que je ne peux résister à la curiosité.
- Bonjour, j’espère que vous excuserez mon indiscrétion, mais j’ai entendu que vous vous étiez fait mordre par votre mari, alors je me demandais…
La femme me regarde ahurie, comme si j’étais atteinte de folie, et finit par me dire
- Non madame, je ne me suis fait mordre par mon mari, mais par le chien de mon mari. Mon mari ne mord pas. Quelle drôle d’idée !
Et c’est là que je me suis souvenue du rêve que j’avais fait la nuit précédente : je me faisais mordre jusqu’au sang par mon mari qui se transformait en berger allemand, et quand j’essayais de dégager ma main, le molosse la secouait dans tous les sens et ne voulait pas la lâcher…