Magazine Journal intime

Retour vers le futur...

Publié le 18 mai 2009 par Mari6s @mari6s

Comme je l'ai dit dans l'article 'News from Marianne' (publié le 14 mai), j'écris moins sur moi ces temps-ci, ce que j'interprète comme une période de calme entre deux tempêtes, plus de réponses ou moins de questions dérangeantes... Je me sens vraiment bien dans ma peau, je crois que c'est l'état le plus stable que j'ai jamais connu depuis le début de l'adolescence (ou même avant).

Pourtant il y a encore 2 ans, j'étais paumée. Il y a 2 ans, j'étais au lycée - ou plutôt absente du lycée à cause d'une énième période de maladie. Et si on remonte avant cette absence, j'étais un fantôme qui marchait dans les couloirs, disait "j'en ai marre" trente fois par jour, et ne tenait le coup que grâce à cette petite lueur au bout du tunnel: l'année d'après, adieu le lycée, les escaliers casse-pattes, les profs indifférents, les cours soporifiques. L'année d'après, j'irais au Cned.

Je ne savais rien de cette terre promise mais je m'y raccrochais comme à une bouée de secours. Depuis la fin du 1er trimestre, et même avant si on considère le moment où l'idée a émergé, avant que je ne la prenne au sérieux. Je ne savais rien du Cned, si ce n'est une chose: ça ne pouvait pas être pire que le bahut. Là-dessus, je ne me suis pas trompée. Et j'ai été plutôt agréablement surprise, même si, bien sûr, il a fallu des ajustements. Les profs qui ont tenté de me retenir n'avaient aucune idée de mon mal-être ; aujourd'hui, comment pourraient-ils comprendre à quel point le Cned m'a sauvée et enrichie?

Mais revenons encore un peu en arrière. Car avant le lycée, j'étais au collège. Et déjà là-bas, je m'ennuyais. Je commençais tout juste à réaliser qu'il m'aurait fallu quelque chose d'autre, quelque chose qui m'épanouisse vraiment, où je pourrais faire plus. Je commençais tout juste à remettre en question un système qui ne me convenait pas, après m'être demandé pendant des années (sans doute depuis le primaire) ce qui n'allait pas chez moi, pourquoi je n'arrivais pas à me sentir à ma place...

Déjà à l'époque, j'avais la santé fragile. En 4ème, 1 mois de maladie. C'est le premier évènement qui m'ait vraiment façonnée. Si je devais dire à quel moment j'ai quitté l'enfance, je choisirais sans doute celui-là. Avant, j'étais plutôt insouciante, très timide, très naïve: je voulais la paix, tout simplement, quelle drôle d'idée. Ce mois-là n'a pas changé grand-chose en lui-même: quelques semaines d'ennui, de télé en robe de chambre, de fièvre et d'aphonie. Pas le nirvana, mais pas non plus les affres de l'enfer. Non, c'est le retour, et donc, d'une certaine façon, tout le reste de l'année scolaire, qui m'a fait évoluer. Car voyez-vous, je n'avais pas un cancer, donc un mois d'absence, c'était vraiment trop, ridicule. J'étais une brindille blanche comme un cachet d'aspirine, je devais faire attention au moindre courant d'air, mais aux yeux de la plupart (profs comme élèves) j'étais une malade imaginaire. Et je n'étais pas armée pour réagir. Alors j'ai laissé dire. La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe... Sauf que si, forcément. Mais ça lui apprend sans doute à s'envoler...

Peu à peu, j'ai repris des forces, et appris les bases d'une vie sociale 'normale': de la répartie, quelques gros mots et un bon peu d'ironie. Je ne dirais pas que ça m'a rendue meilleure, mais plus forte, certainement. Ce n'est qu'après ça que j'ai compris la fameuse phrase "Ce qui ne tue pas rend plus fort", que je trouvais auparavant très pessimiste, et qui m'apparaît aujourd'hui comme une façon saine de considérer les évènements négatifs: ne rien regretter puisqu'on ne serait pas le même si cet évènement n'avait pas eu lieu. Et je n'ai pas trop à me plaindre de ce que je suis devenue. Je crois même que sans ces obstacles sur mon chemin, sans ces petites souffrances, j'aurais fatalement souffert plus, plus tard, j'aurais tout obtenu "tout cuit" trop longtemps, ce que je ne trouve pas forcément souhaitable...

Et me voici donc au lycée, malheureuse, pas à ma place. Les réactions tout aussi débiles à ma longue absence en fin d'année n'ont fait que me confirmer que je n'avais rien à faire là. Je débarque donc au Cned en 1ère. Et j'y trouve, enfin, ce qui ressemble à de la plénitude. Je ne vais pas dire que ça s'est fait tout seul. Mais je n'ai jamais, pas une seule fois, regretté ma décision.

L'an dernier, j'allais donc déjà beaucoup mieux, moralement et physiquement. Je ne pleurais presque jamais (alors qu'en 2nde, c'était quasi-hebdomadaire), je ne m'ennuyais plus en cours puisque j'avançais à mon rythme, et en 2 ans je n'ai dû attraper un rhume que deux ou trois fois, sans que ça dégénère sur ma gorge. Mon taux d'anticorps anti-thyroïdiens (qui avait augmenté jusqu'à me faire risquer l'hypothyroïdie) baisse lentement, mais sûrement. Je commençais à l'époque à mieux me connaître, grâce à mon temps libre à la réflexion et à l'écriture...

Et je crois que je viens d'atteindre un sommet de bien-être. J'ai une pêche incroyable, ces temps-ci. Il y a encore quelques mois, l'angoisse revenait de temps en temps, me paralysait au fond de mon lit et me faisait tout voir en noir, surtout l'avenir. Ca fait maintenant un bout de temps qu'elle manque à l'appel, et je ne vais certainement pas la regretter. Peut-être reviendra-t-elle avec ses questions et ses idées noires, peut-être ne suis-je que dans l'oeil du cyclone. Et ça n'est pas forcément une perspective pessimiste, puisque ce sont ces questions qui me permettent d'avancer. Mais je compte bien profiter du soleil et du futur qui me sourit...

écrit le 9/05/09


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