Nous avons vécu ce samedi 16 mai à Templemars une magnifique journée de découverte de la culture tzigane.
La famille Diab de Nomad’s land nous a captivé, avec sa roulotte toute de simplicité et d’art de vivre, ses multicolores poules indiennes, son art de l’osier, son plaisir de nous raconter son histoire, sa vision pleine de tolérance et de respect de chacun.
Et puis le clan d’Urs Karpatz. Des hommes bien campés sur leur goût du voyage, leur virtuosité tournoyante et leur plaisir de nous raconter l’immense héritage de ces voyageurs qui nous font remonter à notre propre origine indo-européenne. Réos, par exemple, le joueur de tympanon, nous a ébloui de ce qu’il arrivait à tirer avec ses deux mailloches, sur cet instrument venu de l’ancienne Perse, qui a traversé le Bosphore, et qui petit à petit est devenu à travers les contrées et les siècles le clavecin puis notre piano d’aujourd’hui.
Celui qui a un peu voyagé a forcément constaté qu’un peu partout dans le monde, les hommes se méfient des peuples nomades et des apatrides. Les Bédouins, les Arméniens, les Tamouls, les Berbères, les Kurdes, les Mong, les Indiens, et tant d’autres sont victimes d’ostracismes, de rejets qui les radicalisent et les poussent quelquefois vers des extrémités insupportables.
Il en est ainsi avec les Tziganes, ces amoureux de l’errance à travers l’Europe. Nous admirons leurs musiques et leurs danses, mais nous craignons de les voir s’installer dans notre environnement immédiat. Je l’ai déjà dit précédemment, il nous faut accepter de les regarder, parce qu’ils peuvent beaucoup nous apporter.
Dimitri et les musiciens d’Urs Karpatz nous parlent de leur communauté, de leurs voyages, des influences qu’ils nous ont léguées. Ils nous regardent, parfois étonnés, parfois admiratifs, mais souvent ils nous disent que notre suspicion les accable. Parce que comme chacun d’entre nous, j’aime la clarinette chatoyante, mais je me méfie des voleurs de poules !
Je crois qu’il nous faut les écouter, pour comprendre leurs sœurs et leurs frères. Les vieux compères d’Urs Karpatz aiment partager, échanger. Ils témoignent aussi de ce que nous sommes, de notre égoïsme, de notre manque d’ouverture.
Pensons à cette phrase de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle sur laquelle tout bachelier s’est un jour éreinté, et que les tziganes comprennent mieux que d’autres : “L’homme est un loup pour l’homme“.