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Elle jette une pierre dans l’eau, celle-ci fait
« plouf », éclabousse de quelques gouttelettes le bas de son pantalon
alors que les ondes provoquées par l’intrusion de cet objet dans l’eau
s’élargissent en s’éloignant du point d’impact. L’étang retrouve son calme et
sa surface se lisse à nouveau. Elle a chaud mais l’eau opaque ne l’attire pas,
l’idée même que des algues, voire des grenouilles, charmantes petites bêtes au
demeurant, effleurent sa peau nue la révulse. Qui sait, peut-être que tout au
fond, bien caché dans la vase, un monstre marin est tapit, prêt à l’attirer
pour toujours dans ses ténèbres…Elle hausse les épaules, se trouvant bête
d’imaginer de telles choses à son âge et retourne s’asseoir sur l’herbe. Elle
chausse ses lunettes, rajuste son chapeau de paille, plie les jambes en
tailleur et reprend sa lecture. Le chant des oiseaux l’accompagne, une légère
brise chatouille les arbres et joue à cache-cache dans les feuilles, elle se
sent délicieusement bien en cette journée printanière. Une après-midi de congé
rien que pour elle, loin de tout, à ne rien faire si ce n’est lire et se
laisser vivre, quel beau cadeau à se faire. Elle ne veut pas penser aux tâches absolument
nécessaire qui l’attendent à son retour, ni aux messages en attente, ni au
courrier accumulé.
Elle est déconnectée comme la touche escape du clavier...