degré III, IV

Publié le 20 mai 2009 par Moinillon
Ô vous qui pensez à sortir du monde, je vous prie de ne pas attendre, pour le faire, que vos amis aient pu se débarrasser de leurs affaires : craignez que la mort ne vous surprenne avant que vous ayez accompli votre pieux dessein. Hélas ! Il y en a eu un grand nombre qui se sont trompés. Ils voulaient sauver des personnes paresseuses et négligentes; mais en les attendant, le feu de l’amour divin qui les embrasait s’est éteint peu à peu dans leurs cœurs, et ils ont misérablement péri avec ceux qu’ils prétendaient sauver. Or, puisque vous sentez en vous les ardeurs célestes de l’amour divin, et que vous ne savez pas quand elles pourraient disparaître de vous, et vous laisser dans les ténèbres, marchez et courez donc où Dieu vous appelle, rappelez-vous que l’Apôtre nous avertit que nous ne sommes pas tous chargés du salut de nos frères : Ô mes frères, nous dit-il, chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même (Rom 14,12); et il ajoute ailleurs : Quoi ? Vous voulez donner des leçons aux autres, et vous ne vous instruisez pas vous-même ? (Rom 2,21) Or n’est-ce pas comme s’il disait, «pour ce qui regarde les autres, je n’en sais rien; mais pour ce qui regarde chacun de nous en particulier, je sais très bien que nous sommes obligés de nous connaître et de nous sauver».
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte
«De la fuite du monde»