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concrete end - clés ?

Publié le 20 mai 2009 par Collectifnrv
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Non loin de Beaubourg, une discussion - impromptue - entre Francis et Rosa. Lui :

·   Mais alors, que faire ?

-   Attends, comme je te connais un peu, je sais qu'on ne peut pas te dire grand-chose ; parce que quand on te donne des réponses à cette question, tu fais toujours en sorte de ne pas faire ce qu'on t'a fortement encouragé de faire - ou ne pas faire. Tu l'as montré à plusieurs reprises - ne serait-ce que voter. Si je me la pétais, je dirais que tu es un "sujet obscur" selon la déclinaison de Badiou...


J'en ai marre de cette Narkozie, des rapports de domination, du capitalisme sauvage qui est en train de nous étrangler...


Je t'arrête tout de suite. Dans "capitalisme sauvage", tu peux enlever "sauvage"...


Je veux que ça change...


Non, c'est faux. Entre ce que tu veux
vraiment, et faire ce qu'il faut pour cela, et ce que tu voudrais, il y a un écart. Tu voudrais, tu souhaiterais... mais non, tu ne veux pas.


Tu es vexé, parce que je te dis que tes propos ne sont pas concrets...


Non. Pas tant que ça... Pas par rapport à mes propos, ou alors très indirectement. Je suis vexé, mais disons... par rapport à toi ! Je me dis que, dans tout ce que tu entends, tu n'arrives pas à faire les dé-liaisons nécessaires. Dans les formules que tu entends, tu prends tout, sans faire le ménage, sans trier. Mais, tu n'es pas le seul. Les gens ne voient pas quand des mots ne vont pas ensemble : "propriété" et "intellectuelle", "capitalisme" et "moral", "discrimination" et "positive", "démocratie" et "représentative". En gros, vous voulez les "avantages sans les inconvénients", alors que ce sont "deux faces de la même médaille", comme on dit. Et à l'arrivée, ça passe par mes oreilles, et j'entends des "conneries". A la limite, ce n'est pas toi qui parles : c'est la radio, ou France 2...


Quand on voit
Genèse d'un repas, de Moullet, on est plus pessimiste à la fin qu'au début ! Le monde devient encore plus noir quand on sort que quand on entre...


Mais, ça, c'est très bien ! Comment dire ? Méfie-toi des lumières artificielles... "Tout ce qui brille n'est pas or", comme on dit. Tu as peut-être trop tendance à vouloir être rassuré par ces artifices. Alors que la pénombre, ce n'est pas toujours mauvais. Il faut parfois traverser de longs couloirs sombres avant d'atteindre un début de lumière. Et je suis désolé, tu ne veux pas voir le monde environnant.


Si, je le vois ! comme toi !


Euh, non. En tout cas, moi... pas comme toi ! A la limite, tu le vois, partiellement, avec des oeillères ; ou si tu veux, avec des "sun-glasses" - des lunettes de soleil. Or, tu ne veux pas les retirer. Alors, quand tu me demandes "que faire ?", par rapport à ce que tu peux et ce que tu veux vraiment, je ne peux que te répondre : lis des livres...


Ce n'est pas que je veuille te pousser dans tes derniers retranchements, mais, quand je te demande "que faire ?", tu ne donnes pas de réponse concrète...


Disons que je ne crois pas trop aux réponses "concrètes". Ou encore, je crois que régulièrement je te donne plus de réponses que tu veux bien me l'accorder. Des débuts de réponse, si tu préfères. Mais, en effet, comme tu l'entends : non, je n'ai pas de réponses. Et, je crois même qu'il n'y a pas de réponses. Je ne dis pas ça, pour dire : "S'il y en avait, je te les aurais données !", mais, parce que je crois que c'est beaucoup plus difficile que ça. Et que celui qui aurait la réponse, avec un grand "R", à mon avis, c'est un imposteur - ou quelqu'un de dangereux. D'ailleurs, ils sont un paquet à en avoir - des réponses concrètes -, et, regarde le résultat ! Tout simplement parce qu'il y a trop de forces en jeu. On peut voir ce que veulent les gens, à peu près, mais on ne peut pas agir sur le "vouloir" et le "pouvoir" pour tous ces gens.Dans les réponses "concrètes", c'est toujours en faveur d'une majorité, contre une minorité, surtout, fragile...  Il ne peut pas y avoir de recettes, de plans à suivre. On voit à peu près les représentations mentales dans l'ensemble, mais on ne peut pas agir sur toutes, et sans léser personne. Donc, je suis désolé, mais quand j'essaie d'agir sur la tienne, je crois que, justement, c'est concret ! Je suis désolé, mais tu attends trop de réponses de l'extérieur... Ou disons que je sais ce que tu veux, mais, je suis désolé, je ne peux pas te le donner. Tu voudrais un livre de recettes, un guide de conduites à suivre...


Non. Toi, tu es plutôt quelqu'un de libre, mais moi, dans mon cadre, celui de l'enseignement secondaire, le peu de choses que je fais, j'en suis content. J'essaie tous les jours de faire des choses qui font que je peux me regarder dans la glace...


Et, alors ? si j'enlève ton "cadre", et mets le mien, je peux dire la même chose. Comment dire ? Pour le dire autrement, mais avec le même thème, il faut absolument être libre. Mais, tu sais comme moi, que la plupart des gens n'aiment pas la liberté - j'entends la vraie, celle qui consiste à être responsable, autonome et respectueux d'autrui. Bref, ce que je veux dire, c'est que les réponses sont en toi. Et que tu devrais te méfier de tes attentes, de les questionner...


Mais, je n'ai que des questions...


Alors, je ne peux que te livrer à tes questions. Dis-toi également que mes réactions négatives à ton égard font également partie de tes questions. Et méfie-toi, si je peux me permettre de te mettre en garde, méfie-toi des réponses toutes faites...


Tu te méfies des réponses ?


Non, pire : je les fuis ! Donc, dès que tu entends une "réponse", dis-toi que peut-être on te dirige déjà dans une mauvaise direction...


Je veux que tout le monde puisse avoir un foyer, travailler pour nourrir sa famille...


Tu es intoxiqué par des schémas, des constructions. Ce que je viens d'entendre, et il ne faut pas mal le prendre, ça tient de la psychanalyse : "travailler pour nourrir sa famille"... Je te réponds, encore modestement, qu'il n'y a pas de réponses toutes faites, et que tu ne peux pas vouloir ce que tu ne veux pas vraiment... La seule réponse que je peux donner, c'est qu'il faut s'efforcer de ne pas se laisser aller devant la bêtise - celle des autres... ni la sienne !

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Par Albin Didon


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