"Avant la découverte des cellules iPS, nous essayions de dériver des cellules souches d'embryons produits par le transfert d'un noyau cellulaire du patient souffrant d'une maladie héréditaire. A ce stade, personne n'a réussi. Mais maintenant, la dé-différentiation de cellules somatiques murines (méthode du Pr. Yamanaka) a démontré que le même objectif pouvait être atteint en utilisant directement les cellules somatiques des malades.
Il y a un avantage thérapeutique majeur avec les cellules iPS : elles sont génétiquement identiques au patient, permettent de modéliser des pathologies et de rechercher rapidement des médicaments pour traiter en amont les symptômes de la maladie. Il existe déjà une centaine de ces lignées cellulaires sur lesquelles on peut travailler sans attendre pour nous aider à comprendre les maladies d'ici 5 ans.
La technique du clonage n'est donc plus une technique d'actualité. Comme je l'ai expérimenté avec la brebis Dolly, cloner demande un temps considérable pour obtenir des cellules souches. De plus, cette technique implique forcément l'hyperstimulation ovarienne chez la femme : celle-ci doit subir un traitement hormonal intensif et pénible pour produire un grand nombre d'ovocytes et pour finalement n'obtenir que quelques embryons clonés.
Si la science offre des pistes plus rapides, intéressantes et efficaces, je suis d'avis de les suivre. (...)
Gènéthique - Y a-t-il plus d'intérêt scientifique à utiliser des cellules iPS que des cellules souches embryonnaires humaines pour la recherche de médicaments, la modélisation et le criblage pharmacologique de molécules ?
Ian Wilmut - Oui. Les cellules iPS sont plus utiles que les cellules embryonnaires dans ces recherches car, si vous prenez les cellules reprogrammées d'un patient atteint d'une maladie héréditaire que vous souhaitez étudier, l'avantage est que ces cellules portent déjà les caractéristiques d'une personne atteinte. Vous n'avez pas besoin d'y introduire une erreur génétique. Il y a plusieurs maladies héréditaires pour lesquelles on ne connaît pas encore la cause moléculaire de la maladie".