Bon, ça fait 17 ans que ça dure, je me dis qu'un jour, elle fera le 1er pas, tout ça, mais j'ose pas moi non plus lui rentrer dans le lard, et pourtant, elle mériterait, PUTAIN!
N'empêche c'est vrai, depuis qu'elle s'appelle ameli, elle arrête pas de m'écrire pour un oui ou pour un flirt.
N'importe quoi.
Et même, elle me fait du zèle.
Je pense qu'elle croit que je suis une jeune femme libre, parisienne et célibataire en fait.
L'autre jour, je fais une demande de carte européenne pour le moyen qui va voir si les teutonnes sont blondes et fraîches.
On sait jamais, des fois qu'il fasse de la spéléologie poussée dans Inga et qu'il doive prendre en charge la pilule du lendemain.
Alors je demande à l'Internet de tout faire pour moi.
Je clique, on me demande combien et pour qui et pour quand et à quelle heure je quitte le boulot, on m'envoie un mail de félicitations, comme quoi j'ai effectué la démarche sans faute et on me promet de me rappeler dans quelques jours pour me dire qu'on traitera ma demande dans les meilleurs délais.
Lundi, un peu fébrile de n'avoir même pas reçu une carte postale, je finis par appeler l'ameli.
"Ah oui mais alors c'est d'un drôle, en fait, on vous les a envoyées, et j'étais en train de torturer la souri pour vous mailer la bonne nouvelle.
-LES?
-Oui, oh vous savez, on est larges nous, on est tellement à découvert qu'on s'est dit que quand y en a pour un, y en a pour 4, vous savez, l'Europe, tout ça, faut prendre l'esprit fédérateur.
-Donc, dans l'histoire, il n'y a que moi, qui suis laissée sur le territoire.
-Oh, mais vous la voulez aussi? Oh ce sera mignon, toute la petite famille avec sa carte européenne.
-Oui, on se la collera sur le front, j'en sécrète de la glaire cervicale d'avance."
J'ai reçu 4 enveloppes séparées, avec 2 feuilles explicatives qui indiquent comment être rassuré partout dans l'UE et les fameuses cartes.
J'ai donné la sienne à celui qui, s'il en aviat besoin, en aurait besoin bien avant ses frères et le conjugué et j'attends toujours la mienne, histoire de me demander ce que je vais bien pouvoir en faire.
Soit.
Je pensais en avoir fini avec ces jeux de cartes, vu qu'à part la bataille, et encore, ouverte, je ne pane strictement rien aux atouts et autres contrats, full aux as et paire de dames, quand ce matin, voilà la copine d'ameli, vitale.
Franchement, les prénoms.
Mais bon.
L'interné, dans le cas où j'aurais juste oublié que c'est moi qui l'ai fait, vient d'avoir 16 ans.
Et à ce titre, il a le droit de bénéficier de sa propre carte Vitale, pour la modique somme de 2 photos exclusivement réservées à coûter 7€ et un timbre au tarif en vigueur.
Qu'à celà ne tienne, deux qui, je me rue chez le photographe, munie des 16 ans aussi bien coiffé qu'un bouchon de poils au fond du lavabo.
J'explique à la commerçante que c'est exprès pour la carte vitale du jeune homme, elle le prend dans l'arrière boutique, tire le rideau et lui fait son affaire.
"N'oubliez pas de ne pas vous en servir pour le permis, même le dossier de la conduite accompagnée, c'est vrai, il a déjà 16 ans ce jeune homme, alors, c'est quand qu'il commence la conduite accompagnée ce jeune homme?"
Je lui ai expliqué avec mes yeux que JAMAIS était la réponse la plus appropriée.
"Ah, je vois que c'est le sujet qui fâche, alors pourquoi vous voulez pas qu'il le fasse?
-Disons que le temps passe trop vite, et je me dis bêtement que le voir conduire, c'est le voir faire sa vie, prendre son envol et arracher le coeur de sa mère quoi.
-Ah mais vous savez, la conduite accompagnée, c'est pas tout seul.
-Ah?...
-Enfin, franchement, faite-le, c'est super et vous comprenez, à 18h, ils ont déjà 2 ans de conduite derrière eux.
-Ah?...
-Allez jeune homme, je crois que j'ai convaincu ta maman, tu viendras me voir quand tu auras quelque chose à demander à maman qu'elle refuse.
-En fait, je crois qu'on va laisser ma mère réfléchir toute seule.
-Il est bien mignon ce jeune homme, vous verrez comme vous serez fière de lui quand il vous conduira.
-En attendant, c'est moi qui vais le conduire à la maison,et lui qui va m'y accompagner, c'est que voyez-vous, comme le souligne mon fils, je suis sa mère, Luke."
Elle a à son tour fait un "Ah?...", mais je suis pas sûre qu'elle ait bien saisi qu'elle avait un peu franchi la ligne blanche.