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Et encore des réflexions !

Publié le 22 mai 2009 par Ananda
Ce sont ceux qui pensaient autrement qui ont fait avancer l'humanité. Mais du "penser autrement" à une certaine rupture avec l'ensemble de la société, voire au basculement dans l'excentricité ou même la folie, n'y a-t-il pas qu'un pas ?
Une vie mentale très (trop ?) riche vous coupe souvent plus ou moins des réalités sociales et quotidiennes.
Quant au génie, ses obsessions, son trop de concentration sur ce qui l'intéresse le mettent facilement "à côté de la plaque", "hors jeu".
Son habileté sociale et par conséquent son épanouissement, son bonheur s'en ressentent..
Il devient si difficile de rencontrer véritablement quelqu'un !
Le boulot et la consommation à outrance vous bouffent.
La société moderne parle en veux-tu en voilà de "liberté".
Mais quelle liberté lorsqu'on n'a même plus le temps de prendre le temps de vivre, de parler, d'écouter, de rencontrer vraiment, d'entretenir une amitié durable  authentiquement digne de ce nom, de vivre l'amour autrement  qu'enfermé dans un tout petit couple (au demeurant fragile) ?
Si le "système" incite les gens à être si égocentriques, c'est sans doute pour les entretenir dans l'idée, dans l'impresion (fausse) qu'ils sont pleinement libres.
Il fut un temps - sinistre - ou on les parquait dans des camps de concentration et autres goulags. Notre société "libérale" est beaucoup plus habile (et moins immédiatement meutrière) : elle les parque en eux-mêmes.
Le Français "souffre" sans doute d'un trop d'identité alors que le Mauricien, lui, peine à sortir de  "l'identité impossible".
On aimerait tout expliquer et simplifier en expliquant. Trouver l'EXPLICATION franche, directe, vraie une bonne fois pour toutes.
Hélas (ou tant mieux), à chaque fois qu'on se laisse aller à prononcer le fatidique mot "pourquoi", celui-ci débouche sur un vertige, un entrelacs de réponses complexes.
Rien ne rechigne plus à répondre simplement que le réel.
Et les "pourquoi" ont tendance à se reproduire comme des poupées-gigognes.
L'identité se fait dangereuse lorsqu'elle devient rigide, inflexible. Lorsqu'elle induit des blocages, qui nuisent à la souplesse mentale.
Se sentir "agressé", se crisper, se cabrer face à toute forme de critique, voilà ce qui signe bel et bien la psychorigidité.
Liberté et enfermement dans une identité sont antithétiques.
On en finirait peut-être avec le colonialisme si les hommes blancs cessaient de se sentir à ce point supérieurs, centraux, indispensables.
On ne pourra, me semble-t-il, parler de "libération de la femme" dans le plein sens du terme que quand les femmes briseront leur dépendance du regard des autres.
Aucune culture humaine n'en est encore arrivée à ce stade.
En France, il y a toute une tradition de prise en charge de la souffrance.
Le problème est que le "social" y débouche souvent sur une philosophie fortement patrenaliste (ou "maternaliste" ?) qui a tendance à infantiliser les êtres. On perpétue l'assistanat, mais l'assistanat, c'est malsain. Cela aboutit à cultiver une relation de dépendance. On n'achète pas la reconnaissance, pas plus qu'on n'achète l'attachement. L'aide au "plus petit que soi", au surplus, apporte un fort bénéfice d'ordre psychologique à qui la pratique (sentiment de son importance, ou encore "réassurance narcissique" pour employer le jargon des psys).
L'aide qu'on apporte marque à tout coup la supériorité. D'où, souvent, le ressentiment, en lieu et place de la reconnaissance.
L'être humain aime à se sentir autonome, maître de son destin. Attendre de la gratitude de qui l'on aide n'est pas réaliste. Au contraire, son agacement ne fera que croître et embellir. En réaction, il voudra, exigera "toujours plus", moyen détourné de restaurer sa dignité.
P.Laranco.


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