Faire un tableau, fabriquer un tableau s’apparente au développement d’un cliché jamais pris mais qu’un mouvement suggère en nous. Cliché manqué, incapacité à retenir dans l’œil les instants prégnants du monde, et même impression que l’on n’y voit rien (à peine surprendre des fragments du monde échappant). Le tableau s’énonce depuis une séparation, depuis la fuite des choses. Il n’exprime alors pas tant un réel que le deuil qui adapte le réel à la forme qu’il aura dans la mémoire, le roman qui dans la mémoire s’identifie tout autant comme la capture d’une éclipse que dans le mouvement de sa restitution rétrospective.
Un tableau advient lorsqu’on le regarde sans parvenir à se souvenir tout à fait de que l’on voulait retrouver par lui et qu’il s’impose alors comme une énigme neuve éclose d’on ne sait où. Toujours quelque chose s’énonce. De ce dernier constat, on en viendra à essayer des combinaisons comme on tape de la fourchette la vaisselle de la table pour écouter les notes qu’un verre vide et qu’un verre plein produisent.Lancer des paroles.