Cuisiner Le Riz.

Publié le 22 mai 2009 par Mélina Loupia
Attention.

Ici, on rigole pas avec la cuisine.

Je rappelle que je suis toujours mue par le désir d'un jour devenir un blog de cuisine influent.

Peut-être même un blog de cuisine influente. Une nouvelle cuisine.

Pas comme ces restaurants qui font relooker leurs plats par des décorateurs de salon, avec de la sauce en ponctuation sur le bord de l'assiette ou un beignet debout sur un orteil en équilibre sur une feuille de romaine gélifiée couvrant une mousse de truffe périgourdine dans son lardage d'aiguillette de poule d'eau gasconne.

Non, ici, on pratiquerait plutôt l'art de tenter d'améliorer le chant sémantique de la semelle, du gratin oublié dans le four, de la nouille trop cuite ou du sucré-salé trop acide.

Pour commencer, mettons-nous en situation.

Ambiance :

20h35, Pekin Express qui commence dans 5 minutes, à cause de la suppression de la plage de Copa Cabana de pubs, les enfants en sont à affiner le taillage des barreaux de chaise, je tète mon 3ème godet de rouge sans chips, quand le conjugué se rappelle que voici 1h40, je lui ai insufflé l'idée que ce soir, il pourrait nous gâter avec un de ses plats chinois favoris.

"Ah ptain oué, ça fait longtemps que je vous ai pas fait un bon riz cantonnais.
-C'est exactement ce que je me suis mailée, tellement je souhaitais que quelqu'un m'entende.
-Allez, je termine un truc vite fait et je m'y mets.
-C'est ça."

Tongs et Paréo s'achève, c'était la dernière, on verse tous une petite larme et débattons sur Déformations professionnelles pendant que le chef de la tribu cherche le wok qu'il savait caché dans le lave-vaisselle.

"Et le wok il est où le wok hein? HEIN?
-Papa, il est dans le lave-vaisselle.
-Tu peux me le donner, j'ai les mains prises.
-Ah oui mais il est plein de propre.
-Ah tiens, puisque tu sais pas quoi faire, vide-le pendant que je fais le dîner."

Isolée devant mon écran à déconner avec les copines, je souris intérieurement de voir que les garçons de sexe masculin dans ma cuisine s'organisent finalement assez bien. Pas mieux que moi, mais je me claque le beignet toute seule, si je donne un conseil, j'aurai vite fait de m'entendre dire " OH SI T'ES PAS CONTENTE, TU LE FAIS."

"Bon alors comment tu le fais le riz pilaf?
-Ah on avait dit que moi je bosse et toi tu cuisines.
-Non mais dis-le moi de là-bas, je suis pas sourd.
-Donc tu verses un filet d'huile dans le wok et quand elle est chaude, tu jettes le riz et tu le fais rissoler.
-Risso quoi?
-Ler. En garçon, ça veut dire tu l'imbibes d'huile jusqu'à ce qu'il soit translucide. Puis, tu verses ta préparation cantonnaise car je sais qu'en fait, t'as sorti et planqué une conserve de préparation à la cantonnaise et tu la laisses s'imprégner au riz. Ensuite, tu couvres d'eau et tu trempes ton doigt jusqu'au riz. Il faut que ton doigt se noie la 1ère phalange. Et là,tu laisses le riz pomper l'eau en touillant.
-C'est tout?
-On verra."

5 minutes plus tard et autant de tout l'atlas mondial de l'ornithologie en insultes, le conjugué balance sa préparation et intime l'ordre à toute la baraque de se foutre à table.



Questions :

-A-t-il suivi mes instructions à la lettre?
-Est-il finalement sourd comme un pot de chambre?
-Que manque-t-il dans le plat?
-Avons-nous salué l'exploit et mangé, en bons petits soldats?
-Quelle a été la conséquence de la remarque de l'interné, après qu'il a demandé "c'est ça qui pue le pop-corn?"