Pour les matheux, merci d'aller consulter un pédagogue approprié.
(Pour les parfaits trous du cul, inutile d'aller voir un proctologue.)
Ce matin, à 9heures, alors que j'errais comme une âme en peine entre le bureau et le cellier, attendant que le soleil daigne se sortir les doigts et assurer le minimum syndical, soudain, 11 heures sonnent sonnent sonnent, Tina.
Sauf qu'après coup, je m'aperçois que j'en avais compté 12.
De coups.
De cloche.
Légère panique dans l'emploi du temps, mais heureusement, le riz de la veille n'avait pas convaincu les estomacs affamés et le wok en avait encore dans le ventre.
Et au lieu d'entendre la deuxième salve de 11 coups, j'en entends un.
Profonde angoisse dans l'emploi du temps, il est déjà 13 heures et personne se bouge le train arrière pour mettre la table. Heureusement, c'était le facteur qui sonnait.
Mes petits petons massés par le coco de mon paillasson intégré, fébrile, je cherchais quelle formule originale, pleine d'esprit et toujours appréciée dans les dîners mondains j'allais prononcer à l'endroit d'un probable descendant d'un illustre porteur d'épîtres.
Je sais que c'est lui, il se la joue systématiquement à la Starsky et Hutch avec son Kangoo jaune, Vanessa, sur mon gravier qu'après, c'est Verdun devant la maison et le conjugué souffle comme un âne avec le râteau du voisin. (Nous avons perdu le nôtre dans les herbes hautes, je sais, tout est de ma faute, il faut que quelqu'un m'aide, je n'ai qu'une seule vie, Gérald.)
Par conséquent, lorsque j'ouvre la porte, je sais exactement face à qui je vais me retrouver.
Sauf en cas de congés ou de retraite anticipée.
Ce que j'ignorais jusqu'à ce que se plante devant moi, environs 2 mètres cube de muscles saillants sous le blouson sans manches.
Forcément, à ce moment précis, dire que je suis imperceptiblement submergée d'un tsunami d'hormones est un euphémisme, si l'on prend en compte le fait que j'ai juste envie qu'il me prenne là, tout de suite, à l'arrière du Kangoo, sur les Colissimo.
Mais je me reprends, tout le monde est déjà debout et je dois refléter l'image de la jeune mère de famille à la mienne, et celle d'une ménagère de moins de 50 ans aurpès du préposé.
Je me rassemble et je prononce : "Bonjour, il fait toujours aussi beau!, sur un ton ironique, puisque cet astre fumiste cuvait encore.
Tout eût été parfait, la petite allusion météorologique d'une neutralité exemplaire, courtoise, sujette à l'ouverture d'une conversation poussée plus avant vers les prévisions d'Evelyne Dhéliat qui ne se met toujours pas à poil à l'antenne, malgré les nombreuses requêtes d'internautes.
Tout, à ce petit détail près que mon cerveau a fournit les bons mots, mais que ma luette, ma langue et mes maxillaires n'ont pas su se synchroniser.
Le résultat s'est apparenté à un état d'ébriété frisant la correctionnelle, puisque tout le monde a compris:
"Bonjour, toujours aussi beau!"
Y compris la cible, dont je dois saluer ici l'intégrité et le professionnalisme, puisqu'il n'a pas souhaité me mettre plus mal à l'aise, voire me tendre une pelle pour que je creuse un trou et saute dedans.
Il a cependant reculé d'un pas et, tout en me donnant à bout de bras un registre à signer, me lance:
"Bonjour, on se connaît?"
Et comme lorsqu'on cherche par tous les moyens de se tirer de sables mouvants en s'accrochant aux branches, on s'enfonce de plus belle, au lieu de me la fermer, signer fissa et lui claquer la porte au nez, j'ai enchaîné.
"Pardon, c'est à cause des lunettes, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre.
-Mais je ne porte pas de lunettes.
-Ah, ça doit être le soleil.
-Mais il ne fait pas soleil.
-Ah, ça doit être l'alcool alors.
-Vous attaquez tôt."
J'étais en train de chercher de l'air, de l'eau, une corde,la Deloréane de Marty Mc Fly, quand il s'est mis à éclater de rire.
"Ah ça vous change de l'autre facteur hein?"
L'autre, comment il balance les collègues.