"Une paroissienne méchamment agressée, de l'urine dans le bénitier, des excréments répandus, le tabernacle profané, sans parler des vols et des dégradations à répétition... Mais pourquoi tant d'acharnement ? À l'église du Sacré-Coeur, aux Routes, c'est la désolation et l'accablement. À tel point que l'édifice est resté fermé pendant plusieurs semaines. « Rien de plus triste que de voir les portes de la maison du Seigneur closes. Nous n'ouvrions plus que pour les célébrations. » Récemment, le père Jean-Yves Molinas, vicaire général et administrateur de la paroisse et le père Konrad Walerczak, curé du Sacré-Coeur, ont décidé de rouvrir l'église. En espérant que la paix revienne.
Fracture du bras
Qui irait imaginer en déambulant dans le paisible quartier résidentiel où se dresse l'édifice religieux que la paroisse vit en état de siège ou presque ?
« Cela fait deux ans que ça dure, explique le vicaire général. Tout a commencé quand nous avons été contraints de murer le local de la chaufferie suite à de nombreuses effractions. C'était devenu un squat pour des nombreux jeunes qui s'y étaient quasiment installés. » Depuis, les dégradations, vols et insultes se sont succédé malgré les rondes de police plus fréquentes.
« Le pire a été atteint le 28 avril dernier. Une paroissienne âgée de 73 ans a été violemment agressée à huit heures du matin alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la salle du conseil paroissial. » Traînée à terre par l'individu qui l'a volée, elle souffre d'une fracture du bras et de séquelles psychologiques importantes. « Désormais, j'ai peur de sortir. Moi qui étais une personne autonome, je suis en train de plonger dans la dépendance », confie-t-elle, visiblement éprouvée.
Hostie profanée
Une semaine avant l'agression, juste avant Pâques, un autre événement avait secoué la paroisse. Le tabernacle de l'église avait été forcé et l'hostie emportée. Un acte de profanation très grave pour les catholiques qui voient dans l'hostie le corps du Christ.Devant tant d'acharnement, les paroissiens ont décidé de réagir pour dire leur émoi, leur peine mais aussi leur crainte. « Nous ne nous sentons plus en sécurité. Nous ne pouvons pas tout accepter sans réagir. » Dimanche 10 mai, après l'office, une centaine de fidèles et d'habitants du quartier se sont réunis pacifiquement dans la cour de l'église. « Je voudrais que la personne qui a agressé la dame âgée se rende compte qu'elle aurait pu devenir en quelques secondes un assassin. Et alors que serait devenue sa vie ? s'interroge le père Molinas. Face à toutes ces violences, nous sommes désemparés. Et inquiets pour l'avenir de notre société et de nos enfants. »
Fidèles au message chrétien, les paroissiens du Sacré-Coeur sont prêts à pardonner, mais pas forcément à tendre l'autre joue...
Dans l'indifférence, une nouvelle fois...