Magazine Journal intime

L''histoire du poulet anorexique et boulimique

Publié le 25 mai 2009 par Anaïs Valente

Des fois, j'ai une folle envie de poulet.  Rôti.  Du marché.  Le bon poulet tellement rôti que sa peau est presque écœurante.  Pleine d'épices.  Un délice.  Et ça rime. 

Il fut un temps où j'optais pour le blanc de poulet (la partie si saine, si light).  Mais j'ai vieilli.   Et manger du blanc de poulet est devenu trop dangereux pour moi.  Trop sec.  Je frise le « by pass » à chaque bouchée, vous savez, ce problème de déglutition qui fait passer la nourriture dans « le mauvais trou ».  Donc maintenant je prends une cuisse.  Une seule cuisse, en célibataire que je suis.

L'autre jour donc, plein soleil.  Petits zoiziaux.  Ambiance estivale.  Et folle envie de poulet rôti.  A déguster, selon l'envie du jour, avec une petite salade de tomates et quelques patates rôties achetées au même endroit.  Puis une tartelette aux framboises en dessert.  On n'a que le bien qu'on se fait.

J'achète donc ma cuisse de poulet sur un marché bondé (un enfer sur terre, des poussettes, une foule en délire qui avance à pas d'escargots - ça se dit ça, à pas d'escargots, vu que l'animal n'a pas de pieds ?).

Je rentre chez moi et m'apprête à profiter de ce festin.  J'extirpe de son sac ma cuisse de poulet.  Et je découvre qu'elle est malade.

Dans une cuisse de poulet, y'a deux morceaux.  Le pilon, et l'autre morceau dont j'ignore le nom.  En général, vu mon appétit de moineau goulafe, je me fais deux repas avec ces deux morceaux.

Mais avec cette cuisse là, c'est une autre paire de manches.  Je remarque illico que le pilon est souffrant.  Aucune partie comestible sur ce pilon.  Croyez-le ou pas, il est tout maigre.  Rien que de l'os et de la peau.  Un pilon anorexique.  Le pilon d'un poulet qui s'est mis à la diète durant les dix jours précédant son décès, je ne vois que ça.  Et une Anaïs désappointée.

Je me rue alors sur l'autre morceau, pas le choix, que je tente de dépiauter avant de le réchauffer, ce sera plus simple.  Et là encore, big méga déception.  Très peu de viande.  Anormalement peu.  Mais autour de cette viande, partout, dessus, dessous, à droite, à gauche, sous la peau grillée, sur l'os, partout partout, du gras.  Enormément de gras.  Du gras bien blanc bien tremblant (un peu comme un gâteau anglais vert en gelée).  Jamais vu autant de gras sur un bout de poulet de toute ma déjà longue vie.  Ce poulet est boulimique, c'est clair.  Il passait, de son vivant, son temps à se goinfrer de choses pas saines du tout, je ne vois que ça.  Un poulet élevé en plein air, au grain et faisant du sport ne peut être aussi gras.

Une fois enlevé tout ce gras.  Il reste peu, très très peu, de poulet.  Je le réchauffe, accompagné de patates.  Je déguste le tout avec ma salade de tomates.  Je conclus par la tartelette aux framboises.

Puis je sieste au soleil, repue.

Et encore en état de choc d'avoir rencontré pour la toute toute première fois un poulet à la fois anorexique et boulimique.

poulet


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