Je suis d'une humeur de dogue, ou plutôt de pitbull. Voire du croisement entre un pitbull et une lionne énervée.
Ça vous arrive parfois, à vous, d'être d'une humeur telle que vous hurleriez sur tout qui croiserait votre chemin
Ça vous arrive, d'avoir l'estomac qui forme un nœud, les intestins qui hurlent et le cœur qui bat la chamade ?
Ça vous arrive d'avoir ce sentiment que rien ne va, alors que rien n'a changé ces dernières heures, à part un infinitésimal détail qui vous énerve à un point que vous n'imaginiez pas possible. Un véritable infinitésimal détail, genre un mail qui vous énerve, un client qui râle, un patron pas sympa, un contact sur la page orange qui vous prend la tête.
Rien de grave, et pourtant, suite à cet infinitésimal détail (j'adore cet adjectif, et quel plaisir de le placer trois fois en un seul billet), tout semble aller de travers.
Et je m'énerve, je m'énerve, je m'énerve. Je ne réponds pas au mail qui m'a mise hors de moi, histoire de laisser retomber le soufflé, je ne dis rien au client qui râle car le client est roi, je tente d'ignorer le patron pas sympa car le patron est roi des rois et je bloque le contact sur la page orange, ça me fera des vacances.
Mais je suis toujours énervée. É-NER-VÉE. Pour rien. Ou plutôt pour tout.
Alors va falloir que quelqu'un paie. Subisse les affres de ma mauvaise humeur.
J'ai rien sous la main, à part un rat qui se balade langoureusement sur mon corps de déesse, alors que j'engloutis rageusement un gâteau au chocolat, savourant à peine la chose, tant mes nerfs sont en pelote.
Et le rat a la mauvaise idée de marcher sur le gâteau. MARCHER DESSUS. Et puis de marcher sur mon PC portable (que celui qui ose penser « quelle idée de manger un gâteau en jouant à l'ordinateur avec un rat sur le bide » s'abstienne, il ignore à quoi il s'expose, là, de suite). Mon gâteau ressemble à une mousse au chocolat. Mon clavier est parsemé de traces de pates et mon rat va être transformé en cache-nez d'ici quelques instants, je vous l'assure.
Et voilà. Il paie. Pour rien. Ou plutôt pour tout.
Le rat.
Il valse dans sa cage. Je lui hurle dessus comme une harpie que je suis. Une harpie. Il subit le contrecoup de cet infinitésimal détail (quatrième placement de l'adjectif adoré, youpie).
Et moi je culpabilise. Et je m'en vais soigner mon ulcère-minute-à-l'estomac.
Toujours aussi énervée.
Ça vous arrive parfois ? Ça vous parle, ce que je vous raconte, ou bien est-ce moi qui suis au bord du burn out ?
Photo d'Anne-France