L'autre

Publié le 26 mai 2009 par Louloute01

Ton absence est la plus douce des douleurs et ta vision écorche chaque fois un peu plus profondément mes blessures que je lèche avec soin le soir venu. Tu réveilles au fond de mes tripes des sentiments enfouis, sans le savoir, sans avoir conscience une seconde qu'un regard de toi suffit à m'embraser.
Moi qui me croyait morte, moi qui pensait que tout n'était que désolation et vide à l'intérieur, je me surprends à sentir mon pouls s'accélerer lorsque tu me souris, de ce sourire si doux qu'il achève mes dernières résistances. Quand par jeu ou par simple amitié tu me prends dans tes bras ou que tu m'embrasses dans le cou, je me sens me raidir. Mon centre de contrôle s'affole, mes repèrent se floutent et je n'ai qu'une envie, que cela cesse, tant mon coeur menace d'exploser en plein vol. As-tu seulement conscience de jeter une allumette sur un fétu de bois mort, dans un geste de pyromane dédaigeux ?
Non, tout simplement parce que tu appartiens à une autre et ça depuis des années maintenant. Je n'aurai jamais du m'intéresser à toi qui n'étais pas libre et me retrouve maintenant captive de mon propre piège. Je pense presque autant à elle que je pense à toi. Où est-elle, que fait-elle, que te dit-elle ? Es-tu heureux avec elle ? Je ne devrai même pas me poser ce genre de questions, ne pas convoiter l'homme d'une autre, premier des commandements de Sainte-femme actuelle non ?
Alors je rêve, j'imagine, j'espère presque, que ce soit elle qui parte, qu'elle te laisse, te blesse, je me vois comme toujours le rocher, le pansement, celle qui réparerait là où c'est cassé, celle qui porterait ta peine, tes souffrances. Mais la réalité se rappelle à moi. Si je ne devais avoir qu'une seule certitude, ce serait celle-ci : que tu ne seras jamais à moi, ni pour une heure, ni pour la vie.
On dirait que je m'entête, que j'appelle cette souffrance de mes voeux, que je me complais dans ton indifférence, parfois même ton mépris. Pour toi, je ne suis rien, à peine un courant d'air qui passe, une sorte de mal nécessaire qui est là pour des raisons qui ne sont pas fruit de ta volonté. J'en viens même à souhaiter que tu me haïsses, pour qu'au moins je t'inspire une quelconque forme de passion ou de sentiment.
Et plus je te désire, plus je me déteste et plus je voudrais lacérer l'intérieur de mon ventre lorsqu'il se tord à ta seule vue. Je suis effarée de ma propre stupidité et de cet entêtement absurde. Je suis de trop dans ma vie.