J’écris ceci tapi dans la forêt de Landsberg. C’est la tombée de la nuit. Ils viennent de tous se taire, mais j’étais jusqu’à maintenant au milieu d’un concert d’oiseaux dont le chant rappelle la mélodie de Limelight de Chaplin. Il y a maintenant autour de moi de drôles de bêtes qui émettent des cris étranglés qui ressemblent à de très bruyants gargouillements d’estomac. Des hélicoptères vrombissent au loin. Il y a un je ne sais quoi de sinistre dans le vacarme même lointain d’un groupe d’hélicoptères qui tournoient. Comme si rien de bon ne pouvait justifier leur emploi. Pourtant, si ça se trouve, c’est une livraison de fleurs, l’arrivée de Bob Dylan ou l’accouchement d’un panda !
Depuis des jours, depuis que je déroule le lacet sinueux des collines bavaroises, je roule parmi les parpaillous. Des milliers ! Que dis-je ? Des millions ? En fait, je crois savoir ce qui est advenu des billions perdus par les banques. Ils ont tout misé sur les papillons. Et c'est un pari réussi ! Ils sont partout. Ils caracolent, virent et ziguezaguent comme des hystériques autour de la Gaxuche, puis se reposent en se chauffant les ailes sur la piste cyclable. À chaque instant, dix pénètrent mon champ de vision, petits triangles oranges, rouges, bleus. Nous les évitons avec succès, la Gracieuse et moi. En une semaine, pas un seul incident regrettable.
Le bonheur.© Éric McComber