Comme chaque semaine, notre petite dernière vient faire le siège de ses parents bien-aimés, afin de leur soumettre une chouette idée - cadeau, qu’elle nous verrait bien lui offrir. Et les occasions qui sont aussi nombreuses que les seins du calendrier “Pirelli ” ne manquent pas : bons résultats scolaires, anniversaire, Noël, pertes d’une dent, etc…
Ainsi donc aprés avoir hésité entre le dernier Petshop et My sims pour Nintendo DS, non sans avoir extorqué un abonnement à Diddl Mag, à 23 heures 40 sous prétexte d’un vilain cauchemar rempli d’araignées velues, elle choisit cette fois de poser son dévolu sur une peluche.
Encore un doudou de plus qui va envoyer au placard les 90 autres, avec ce sentiment frustrant de s’être fait plaquer par une môme de CP, Bouriquet et Stitch en tête…
- Papounet, me dit-elle, j’ai fait mon choix : je veux la peluche du CCR !
- La peluche du CCR ?
- Oui, parce que tu vois, dépisté à temps il n’est pas bien méchant.
- CCR ? C’est une blague ? Ma fille veut la peluche du cancer colo-rectal. J’hallucine.
Monsieur “Toys R’ Us” si tu veux booster tes ventes, je te prète ma fille. Un détour par Fidal et l’affaire sera conclue.
Quand cette pub est diffusée, généralement la famille se trouve à table, alors j’éteins la télé, je zappe, ou je mets la radio…Et là sur Europe 1, entre deux talk-show d’hypocondriaques : Elkabbach et Drucker, un GPS m’explique comment se rendre aux toilettes pour faire un prélèvement de …
Si ça continue, je vais y aller, mais pas pour les mêmes motifs.
Surtout qu’à table avant le caviar d’aubergine et le houmous, les questions pertinentes fusent : c’est quoi les selles ? Y a plus de Pita chaude ? Comment on se le met le baton ? …Stooooooopp
J’en étais arrivé à être heureux quand on passait le message sur le cancer du col de l’utérus ou celui du sein, en chantonnant “ je suis pas concerné ” sur l’air de “on n’est pas fatigué”…
Oublié le colon , la prostate, place aux femmes. En fait dois-je vous l’avouer : j’ai peur…
Putain d’agences de pub : si elle voulaient me flanquer la trouille, elles y sont parvenues. Et moi qui imaginait une vie de senior, tout en blanc, relooké en pappy Azzaro .
Mon ainée me posa alors la question : “Dis moi pounet c’est la mort qui t’inquiète ?”
- Non, c’est la capacité des hommes à progresser dans la recherche médicale qui me rassure. Et puis un papa ça ne meurt jamais.
- Un peu comme un héros de BD ?
- Et oui, on reste dans nos bulles, pour nos filles, parce que, pour un fois, on peut le dire sans rire : “elles le valent bien” !