Cette jeunesse qui se tait, qui tue, et qui se tue elle-même.
Je parle de toute la jeunesse française, celle des banlieues, qui n'ont jamais aussi bien porté leur nom, que celle des beaux quartiers, qu'elle enlaidit de bling-bling et de crack.
D'ailleurs, elles se ressemblent. Une éducation laxiste, une enfance désorientée, parce que dégénérée: on demande aux premiers de se débrouiller seuls, tandis que les seconds voient leurs parents s'habiller comme eux, faire de la trottinette avec eux (vu dans le 14ème arrondissement de Paris).
Bref, toute une jeunesse sans parents. Orpheline.
On me répondra que les cas sont différents: je ne le conteste pas. Oui, ces enfants ne partent pas tous avec la même balance de forces et de faiblesses.
Oui, cette balance-là, elle, est injuste.
Oui, nous sommes jetés en ce monde, en ces mondes que l'individualisme exacerbé moderne a créés.
Regardez-les se regrouper en bas de leurs immeubles jaunis, dans leur no-man's land dépouillé de toute vie.
Regardez-les se retrouver dans la rue pour crier leur haine à un gouvernement qu'ils honnissent.
Repliés dans leur vie, dans leur groupe, chez eux, en eux. En eux, la peur de tout changement, de tout danger. C'est de leur liberté qu'ils ont peur, de ces possibles, qu'ils nient. Encouragés par l'insoutenable légèreté de la bien-pensance, ils se voient en victimes d'une société sans avenir, à l'horizon barré par le chômage et l'exclusion.
Certes.
Mais les diplômes vaudraient plus si nous n'étions pas si c...
Le chômage serait moindre si nous n'étions pas si feignants.
L'exclusion n'existe que dans nos crânes, bourrés qu'ils ont été par les idées bisounoursquesques qui ont envahi notre littérature, notre cinéma, nos sciences sociales: le mythe du multiculturalisme, le refus de l'effort, la seule recherche de la jouissance et du plaisir.
Pourtant, jamais la jeunesse de la France n'a autant souffert.
La France s'est tuée.