Magazine Journal intime

Il est pas frais mon poisson?

Publié le 29 mai 2009 par Pestouille

« Ma fille, tu es une adulte maintenant, et je trouve qu’il serait fort souhaitable de te départir de cette gouaille agressive dont tu t’es fait la spécialité»  Ranafoutt’. Il paraîtrait que de si vilains mots dans la bouche d’une jeune fille c’est vraiment très choquant. Ou comme dit ma grand-mère (quand c’est pas ma mère, c’est elle qui s’y colle) « c’est comme si de la merde sortait de ta bouche »  Sympa. Pourtant je trouve que dans ce que je dis, même si la forme est bien souvent cavalière et peu châtiée, le fond reste très pertinent. Sans Blague.

zaziejat

Je ne sais pas exactement quand ça a commencé. Peut être au  lycée, les années où j’ai voulu faire ma révolution. On est con quand on est ado : ma révolution (pour attirer l’attention) consistait à parler hyper fort, porter des jupes ras la coquillette et me peinturer le faciès de mille couleurs chatoyantes. Bref, c’est à mon avis à cette époque que j’ai basculé irrémédiablement (oui car c’est sans issue, je le sens, je le sais) dans le « poissonnière style. »

Contrairement aux idées reçues, (oui parfaitement je vais bousculer les idées reçues), la maîtrise des basiques en termes de charretière attitude requiert un certain niveau de culture générale (afin d’utiliser  les expression à bon escient) d’imagination et de créativité (une image vaut mieux que de longs discours) et donc relève du grand art.

On distingue trois écoles, que j’ai pour habitude de mixer, pour créer un florilège d’arabesques sonores pour les oreilles de mes interlocuteurs privilégiés. Ma mère, qui est très aimable pense que je parle comme ça par peur qu’on me prenne pour un bêcheuse et qu’on démasque ma science de la langue. C’est très gentil à elle , mais ça n’est pas tout à fait « accurate » en fait je parle comme ça parce que j’aime bien et aussi parce que c’est une sale habitude dont j’ai du mal à me défaire.

poisson

1/ l’école wesh wesh zarma t’as vu bien ou bien.

Ou communément  « le langage de racaille ». Bof. J’aime pas trop cette expression. Surtout que ça se déracaillise à vitesse grand V (c’est très In en ce moment de « parler la banlieue ») Et, n’est pas un bobo digne de ce nom, celui qui ne parsème pas son discours de keutru, de meuf, et de veugra. (quoique veugra c’est assez dépassé) Il est vrai que quand je vois des filles en jogging/baskets nike/mega créoles parler « en mode bonhomme » avec la voix grave qui va avec, ça me fout un peu les boulasses, et je me dis mon dieu je dois faire peur moi aussi par moments. Alors pour me calmer je me dis qu’avec mes jolies bottines et mon petit pantalon à pinces Bel air, le rendu n’est peut être pas le même. (on se rassure comme on peut) Dans le dictionnaire du weshwesh, je suis particulièrement friande de :

- gros, expression d’une rare élégance pour désigner un ami, un pote un connaissance…

- ma gueule (pas la chanson de Johnny)  encore pour interpeller un ami…

-On s’est fait carotte, traduction “nous nous sommes bien faits eus, Maryse”

-on est de la baise,on s’est fait couillave, traduction, c’est foutu, c’est mort

- c’est frais, ça claque,  ou au contraire c’est pété, c’est claqué (traduction : c’est bien/c’est pas bien - bizarrement vous noterez que claquer fait double usage)

-elle est en dièse 31  ( elle appelle en masqué, elle joue la discretion - référence portablistique)

- un shlag, un bolos, une victime (un bon con quoi…)

- et ma préférée en bonne petite nerveuse que je suis : Viens, on va se péta. (sortons un peu dans la rue, je vais vous régler votre compte très cher)

bagare-p

2/ L’école  estampillée titi parisien

Une tendance qui se meurt et donc, vous comprendrez donc que j’ effectue une action pour la survie de la diversité de notre langue. Je pense que je devrais envoyer un dossier à la fondation Chirac pour soulever des fonds. Je suis sûre qu’il kifferait. Ce n’est pas de la vulgarité c’est tout simplement très chers amis, ce qui s’appelle le style Arletty, style qui contribue pleinement à préserver le patrimoine culturel de notre belle ville de Paris. Quelques expressions que j’aime beaucoup:

- Elle a un œil qui dit merde à l’autre

- J’m en tamponne le coquillard, J’m'en cogne, Ranafoutt’

- Appeler les gens par des noms, un peu passés de mode, dirons nous. (nb, il est important d’y ajouter le déterminant “le”) exemple: elle en fout pas une rame la Maryse (alors qu’en fait elle s’appelle Sophie et qu’elle est juste un peu lente)

-  Ca sent le sapin et/ou ça sent le cadavre

- tremper son biscuit

- et comme dirait Chirac -encore lui- ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Que j’affectionne tout particulièrement.

nomdun

3/ le 100 pour 100 home made

Le fruit de mon imagination fertile qui est très certainement au sommet de son activité quand je suis énervée. Bon évidemment l’inconvénient c’est que par moment ça fait pouffer mon voisin ou ma voisine et du coup c’est un peu dur de rester digne dans sa colère… mais ça se travaille… Evidemment il suffit que je décide d’écrire un article sur le sujet pour que là, sur le moment seules quelques unes remontent à la surface mais tant pis, je me ballade pas encore avec un dictaphone ou un petit carnet pour noter mes délires verbaux.

- Romano les babouches : exemple en images: Johnny Depp est devenu depuis un certain temps un vrai romano les babouches.

- Un BHL de Prisunic traduction: un monsieur un peu trop sûr de son charisme qui se prend pour ce qu’il n’est pas.

-Il fait peur au pigeons  traduction: didon - didon, ce monsieur est vraiment vilain

-Il a fait le coup de la malette (se dit d’un monsieur qui aime “coller” dans les transports en commun)

-Qu’est ce qu’elle veut la soupe au croutons?  ça c’est vraiment pas très sympa mais disons que ça désigne une bonne femme un peu revêche et pour être soft on va dire pas super avenante…

- C’est le capitaine Fracasse (dérivé de l’expression être fracassé - comprendre que la personne est bourrée et/ou pas dans son état normal)

- Enfin, très très laid mais j’assume complètement : astiquer les zobs de mouches ou faire briller le manche à balais - qui signifie comme vous l’avez compris ne pas glander grand chose voire rien.

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Voilà les amis je suis pas hyper fière de tout ces machins que je vous raconte aujourd’hui, mais il fallait que ça sorte une bonne fois et c’est promis, après je serai plus distinguée.  Notez quand même qu’on est vendredi et à la cantine, ya du poisson donc finalement je suis pas complètement à la ramasse.

Continuez de voter pour moi chez Camille d’essayage, pour que j’arrête de puer la chaussette. Je ne suis pas vraiment en pôle position et ça me chagrine un peu… Jean Louison et moi (j’espère que tout le monde le voit maintenant) on vous souhaite une excellente journée. A demain si vous le voulez bien.


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