Magazine Journal intime

Rats

Publié le 29 mai 2009 par Dunia

Le Magnifique et Timide

Dernière visite chez le véto

Je suis arrivée chez le vétérinaire en même temps qu’une dame avec un montagne des pyrénées presque aussi gros qu’un ours polaire. J’ai sorti Le Magnifique et Timide de leur panier. Ils se sont blottis contre moi. Le Magnifique, aux anges, craquetait des dents. Nous avons attendu longtemps avant de voir apparaître le vétérinaire qu’un autre animal occupait. Avant de retourner en consultation, il nous dit bonjour en exhibant les dents. Le montagne des pyrénées, un jeune chien à la croissance inachevée, angoissé par l’ennui, s’est mis à pleurer de ses 60 kilos de bébé tandis que Le Magnifique et Timide, vieux et bien élevés, se tenaient tranquillement sur mes genoux. J’éprouvais du plaisir à les sentir si tranquilles, si heureux durant leurs dernières minutes de vie. Au bout d’une longue attente que j’aurai voulu prolonger indéfiniment, le vétérinaire est venu chercher la dame au gros chien. Timide s’est un peu promenée sur mes genoux, puis a décidé de se planquer sous ma veste, son péché mignon. J’aurais encore voulu arrêter les montres mais l’assistante a fini par nous inviter à entrer dans la salle fatale. J’y suis allée avec mes rats dans les bras. J’ai rangé Timide dans le panier. Le Magnifique qui connaît bien ce cabinet à cause de la pododermatite pour laquelle je l’ai soigné durant plus d’un an, a paniqué quand j’ai tenté de le poser sur la table. Avec un entêtement de jeune rongeur, il a entrepris de me grimper sur l’épaule avec une véhémence et une force incroyables pour son âge et ses maux. Sa longue mémoire de rat, se rappelait certainement les moments de souffrance passés en ce lieu. Avec ce sixième sens qu’ont les animaux dans ces circonstances, il devait sentir la mort approcher. Malgré ses nombreuses infirmités Le Magnifique ne voulait pas mourir. Lorsque je fais euthanasier mes petits chéris, je les pose sur mon épaule  afin qu’ils s’endorment paisiblement. Or, contrairement à la majorité de mes rongeurs à queue longue, au lieu de se laisser glisser dans le dernier sommeil après la piqûre, Le Magnifique donnait des coups de tête à l’instar de tous les rats qui souhaitent écarter un obstacle leur barrant le passage, en l’occurrence La Faucheuse. De le sentir ainsi lutter contre la mort m’a fendu le coeur. J’ai pleuré. Mon Magnifique. Mon rat d’amour. Tel que je l’avais pressenti, mon loulou refusait mourir. On ne lutte pas longtemps contre ces poisons. La mort a fini par vaincre. Après avoir ressenti sa joie, sa plénitude quelques instants auparavant dans la salle d’attente, j’ai eu l’impression de l’avoir trahi.

Ensuite j’ai pris Timide dans les bras. Je lui ai sussuré un ultime “je t’aime” puis le vétérinaire l’a piquée à son tour. Soumise, elle ne s’est guère battue contre la fatalité. Timide est partie sereine.

Adieux mes amours. Merci pour tout ce que vous m’avez donné. Dans mon coeur vous restez toujours vivants.

Excuse-moi mon Magnifique si ce n’était pas encore ton heure. Ce n’est pas facile pour un être humain d’être Dieu.

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Le Magnifique et Timide dans ce que l’on pourrait appeler l’antichambre de la mort, calmes et heureux, ignorant le sort qui les attendait.

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Sur cette image, on aperçoit leurs silhouettes totalement déformées par la paralysie et les tumeurs pour Le Magnifique, par les tumeurs et le manque de nourriture chez Timide.


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