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Réveil

Publié le 31 mai 2009 par Eleken

Mon corps surplombe la falaise de rocs noirs. A leurs pieds s’écrasent les vagues déchainées d’une mer démontée. L’eau est aussi noire que le ciel. Le tonnerre gronde, la pluie bat mon visage. J’ignore s’il fait jour ou nuit, l’orage est trop fort, il pourrait très bien obscurcir le ciel, me masquer le soleil.

Le vent fouette mon visage, me rendant presque aveugle. Les yeux plissés, j’observe ce qui m’entoure. La nature, si ce n’est le fracas du ressac, s’est tapie, ne se montre pas. Les arbres, bouleversés par les souffles venus de la mer, n’ont d’autres choix que de subir. Il y en a un gros à ma droite, quelques autres un peu plus loin. Pour le reste je ne vois rien. D’immenses vagues ondulent à la surface de l’herbe aussi loin que porte mon regard.

« Rappelles-toi »

D’où vient cette voix ? Je me retourne, piqué au vif par ces mots. Il n’y a personne derrière moi. Il n’y a personne nul part, il n’y a que la tempête et moi. Est-ce moi qui ai imaginé cette voix ? Certainement, plus j’essaye de me la remémorer, plus le timbre grave et doux - apaisant - devient ma propre voix. Me rappeler de quoi ? Je scrute l’obscurité, je suis beaucoup trop proche du précipice. Le vent est de face, mais une bourrasque contraire pourrait très bien me faire chuter. Je recule, mes pieds nus caressés par l’herbe. Je suis nue. Je ne l’avait pas encore remarqué. J’ai froid, je grelotte. Mon corps couvert de pluie froide, mes cheveux plaqués sur mon visage, j’ai mal aux articulations. J’ai mal partout. Je… J’ai un goût de sang dans la bouche. Où est-ce que je suis? Je ne reconnais rien. A l’instant, la tempête m’était indifférente, mais maintenant la terreur me saisie de ses bras glacés. Qu’est-ce que…

La foudre fend le tissu obscur du ciel et tombe prêt de moi. La lumière m’aveugle, le tonnerre déchire mes tympans. Mais plus que cela, c’est la douleur qui se répand dans ma poitrine qui me fait hurler. Le tombe à genoux en serrant mes bras autour de ma poitrine nue. Je me sens si faible tout à coup. La foudre m’a-t-elle touché. Un battement sourd. Mon cœur qui cogne. Trop lent, trop lentement. Mes yeux se posent sur l’arbre proche de moi. Il est en feu. Brisé par l’éclair, il se consume dans un tourbillon de flammes. Cela me réconforte. Les flammes me réchauffent.

Une nouvelle lueur m’aveugle. Je ne vois plus rien, cela semble durer des minutes, des fourmillements de panique se répandent dans tout mes membres. J’ai mal. Mon dos, ma poitrine sont comme cisaillés de lames. Mon cœur s’affole, les battements se font plus précis, plus violent, plus douloureux. Je me sens paralysée par la terreur et une autre chose plus profonde, une envie de mourir qui s’insinue en moi. J’ai trop mal. Mes yeux sont aveugles. Mon cœur a des ratés, il tressaute, s’arrête, repart.

Alors que j’ai la certitude d’être en train de mourir, j’entends au loin dans le vent, en sus du ressac et de la pluie qui martèle encore ma peau, le son sifflant d’un machine qui se charge. Cela m’évoque un vieux flash de mon enfance, quand il sifflait en chargeant… Pourtant ce n’est pas ça…

Comment suis-je arrivée sur la falaise. Je ne me rappelle pas… Il faisait beau non ? J’étais en voiture je crois… Mais, mais la falaise…

Un nouveau choc se répand dans ma poitrine, me frappe, m’arrache un hurlement. Je tombe sur le côté… Je ne m’arrête pas de tomber. Je chute dans l’oubli. Je glisse dans l’obscurité. Je sombre dans l’inconscient.

— Eleken,
Un autre petit extrait, ça prend forme


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