Le début dans Les copines… Finalement!
Mais, qu’est-ce que Marianne pourrait bien trouver au poil? J’avais chômé toute la semaine sur la question. Ma rencontre hebdomadaire avec mon amie avait lieu l’après-midi même et j’en arrivais toujours à la même conclusion : Marianne m’avait investie d’une mission impossible. Revamper son look déjà extra relèverait du miracle! Perdue dans mes pensées, j’allais atteindre le trottoir au coin de Sainte-Catherine et City Councillors quand l’avant de ma botte percuta un objet non identifié et je me retrouvai à genoux dans un banc de neige. Les joues rouges de honte, je m’en extirpai rapidement, le regard collé au sol, ignorant les mains tendues des passants et leurs « pauvre petite » compatissants. « Merde, est-ce que ça pourrait vraiment aller plus mal? » me demandai-je en me précipitant vers les portes tournantes du La Baie Centre-Ville pour m’y cacher.
- Alors, qu’est-ce que t’as en tête aujourd’hui?
Si elle savait! Puis je la vis, la réponse à toutes mes questions : elle était là devant moi, perchée sur les paupières de ma maquilleuse. Je mettais ma main à couper : ces cils, c’était des faux! lui dis-je en fixant les poils démesurément longs et courbés verts fluo. Elle me sourit. Il fallait qu’elle m’en mette! la suppliai-je. Après quelques analyses, nous convînmes de la couleur (noire) et elle m’expliqua que pour vingt dollars, j’aurais un modèle très naturel. Elle me maquilla d’abord, colla mes faux poils, les tailla, puis je fus prête, un poids plume additionnel sur ma paupière mobile.
Marianne et moi devions nous rencontrer dans la Halte-Bouffe du centre Eaton, à quelques minutes de là. Je l’y attendis. Quand elle arriva, elle marqua un temps d’arrêt et je souris, satisfaite.
- Mais… qu’est-ce que t’as fait à tes yeux ma cochonne?
Je décidai de lui en mettre plein la vue. Je fis donc lentement battre mes paupières deux ou trois fois. Marianne grimaça de convoitise.
- Hey, la vedette, donne-moi la marque de ton mascara, j’en veux un!
Je lui révélai mon truc et nous rîmes en coeur. Des gars assis à une table nous regardaient. Nous nous firent coquettes. Je me sentais comme une princesse avec mon beau maquillage et mes cils extrêmes. Finies les incertitudes, j’étais devenue une vedette en quelques heures! Emballée, je me levai brusquement et ma tête percuta violemment le cabaret d’une grosse fille, l’aspergeant de la soupe Won-ton qu’elle avait prévue comme collation. Elle était si furax que je crus qu’elle allait me battre. Au dernier moment, un gars s’immisça entre nous deux.
- Ça va, Delphine, elle t’avait vraiment pas vue…
Devant lui, la fille se tut. Quand je le vis, lui, je compris. Il était plus que beau. Il était sexylicieux. Je dus moi aussi afficher un air béat, puisqu’il se pencha légèrement vers moi et murmura, pour moi seule « C’est vrai, c’est assez cool les faux cils… »
Lire la suite dans Faux poils au poil! (Partie 2)