Une semaine après avoir assisté à la projection de l’adaptation cinématographique du premier tome de Millenium, je prends enfin le temps d’en dire quelques mots.
Du mal, en l’occurrence.
Le roman de Stieg Larsson avait déjà été assez mal traduit en français ; une polémique ayant d’ailleurs eu lieu sur Internet à ce sujet, entre les traducteurs et les lecteurs : en effet, nul besoin de connaître le suédois pour remarquer les énormes fautes grammaticales et les maladresses qui ponctuent ces trois opus… n’empêche !
L’œuvre reste magistrale du point de vue narratif.
Plusieurs récits s’entrecroisent et permettent à la sauce de prendre correctement.
On devient rapidement addict.
Dans le cas du film, c’est tout l’inverse.
Millenium méritait l’art de la déconstruction d’un David Lynch.
Ou, à la rigueur, la puissance et le sens scénaristique d’un Oliver Stone.
Au lieu de cela, on nous inflige une réalisation digne d’une mauvaise série B.
Sauf que Mikael Blomkvist n’est pas l’inspecteur Derrick.
À la limite, Niels Arden Oplev aurait pu avoir l’excuse de la durée, mais qu’on ne vienne pas me dire qu’il était impossible, en 2h42 ( !), de transposer à l’écran la richesse de ce roman.
Faire ainsi l’impasse sur la relation entre Mikael et son associée Erika Berger revient à laisser aux oubliettes une part indispensable de l’intrigue.
De même, le fait d’expédier durant les 15 dernières minutes du film la résolution de l’affaire Wennerström et la revanche de Mikael nous prive de l’un des éléments les plus jubilatoires de cette histoire.
L’interprétation magistrale de Noomi Rapace dans le rôle de Lisbeth Sallander ne suffit malheureusement pas à rattraper de telles bourdes et approximations.
Adapter un roman suppose du talent et une réelle capacité à dépasser la simple transposition linéaire, pour trouver un équivalent cinématographique à l’ensemble des niveaux du récit.
Peu de réalisateurs parviennent à sortir vainqueurs d’un semblable exercice.
Mais un ratage comme celui-ci méritait d’être souligné, ne serait-ce que pour vous dissuader d’aller voir ce film.