Ces chaussures, c’est mon mari qui me les a achetées, c’est pour ça que je ne les mets jamais. Non, ce n’est pas par esprit de contradiction, c’est juste que mon mari m’achète toujours des choses qui ne me plaisent pas, et après, forcément, il se plaint.
- A chaque fois que je t’achète un truc, ça reste dans l’armoire !
Et pour cause ! Aurais-je envie de lui dire. Mais à quoi cela servirait-il ? Mon mari pense que mon goût est le sien, il pense que moi et lui, ça fait un ; mon mari n’a aucune notion de l’arithmétique des goûts.
C’est d’ailleurs pour ça, que je ne me suis jamais mariée. Oui, je vous parle de mon mari, mais en fait, il n’existe pas, c’est une pure fiction. J’en parle par habitude, pour me conforter dans l’idée que j’ai bien fait de ne pas en avoir.
Non seulement je ne me suis jamais mariée, mais je n’ai jamais rencontré un seul homme qui me donne envie de me marier. Souvent, en parlant de moi, ma mère dit à mon père.
- Ça m’étonnerait qu’elle trouve chaussure à son pied. C’est une insatisfaite ! Est-ce que j’ai cherché midi à quatorze heures, moi, quand je me suis mariée avec toi ?
En général, mon père ne répond rien, il se contente de hocher la tête. Je n’ai jamais su ce qu’il voulait dire par là…
PS : texte écrit à partir d’une consigne des « impromptus littéraires ».