Magazine Journal intime

Exercice illégal du guérissage

Publié le 28 mai 2009 par Bonneau
Figurerez-vous que ce matin, je vois arriver la Solange de la métairie haute.
Je la connais bien, c’est une de mes habituées, elle est toujours plaintive !
Ça faisait longtemps que je l’avais pas vue.
J’y dis « bonjour Solange, comment que ça va ? ».
« Justement père Bonneau, ça va pas » qu’elle répond. « Depuis 3 mois j’ai toujours mal au ventre. ».
« Ben, pourquoi que tu n’est pas venue me voir plus tôt. D’habitude tu viens tout de suite» que j’y dis.
« Justement père Bonneau cette fois j’ai été voir une nouvelle guérisseuse à Aigurande. On m’avait dit qu’elle était bonne, mais ça me fait rien ».
« Ah ! Ben ! Merci, t’as plus confiance en moi. Je t’ai pas guérie les autre fois ?» que je réponds.
« Si, justement, c’est pour ça que je reviens ».
« Ben, alors pourquoi que t’es pas venue tout de suite ? »
Elle prend un air gêné et elle dit : « Je sais bien que vous demandez rien père Bonneau, mais l’habitude c’est de vous laisser une petite pièce en remerciement, alors que cette guérisseuse là, elle est remboursée par la Sécurité Sociale».
J’ouvre des yeux comme des soucoupes ! « Les guérisseurs ont rien à voir avec la Sécurité Sociale ma pauve Solange. Tu n’aurais pas bu un coup de gnole de bon matin
Elle rentre dans une rogne pas possible. Que c’est vrai ce qu’elle dit, que d’ailleurs on n’a même pas à payer elle se fait payer directement par son ordinateur, quelle lui a dit que c’était une "collopartie fonctionnaire" (drôle de nom) et qu’elle l’a soignée – presque comme moi – en passant sa main au dessus de son ventre.
Sauf qu’après 8 séances elle va toujours aussi mal.
Bon, j’insiste pas, je lui dis « couche toi là ma belle », je sors ma prière à saint Boyau et la lit tout bas en passant ma main sur son ventre et en faisant les signes de croix habituels.
Je la rassure : « ça va aller mieux, si dans 3 jours c’est pas fini reviens me voir».
Avant de la laisser partir, je lui demande le nom et l’adresse de sa guérisseuse. Faut bien se renseigner sur la concurrence.
Elle sort en laissant 10€ sur la table de la télévision. A voir ce qu’elle a comme vaches dans son étable, ça lui aurait pas cassé une jambe d’être plus généreuse. Bof, elle reviendra bien 2 ou 3 fois avant que ce soit guéri.
Cette histoire de Sécurité Sociale me tourne dans la tête. Et si elle m’avait raconté des blagues la Solange !
Pas bête, je vais à l’ordinateur et je fais comme j’ai vu faire Lea ( c'est ma petite fille) quand elle cherche un numéro de téléphone.
Effectivement il y a bien une Cecile Anemane dans la rue de la République, mais – surprise - elle est médecin. C’est marqué : « Docteur en médecine, homéopathie, acupuncture, médecine énergétique».
Je suis dans une colère noire.
Quelle honte. Faire autant d’études, savoir traiter - avec des vrais médicaments en boite - les gens que nous autre guérisseurs n’arrivons pas à soigner, venir nous ôter le pain de la bouche et se faire payer par la Sécurité Sociale – que la télé dit qu’elle est en ruine. C’est lamentable. C’est de l’exercice illégal du guérissage. Ça devrait être puni par la police !
Ce qui fait plaisir, c’est que ça marche pas.
Comme le disait le grand poète berrichon Jean-Louis Boncoeur* : (je traduit – à peu près - en français d’instituteur)
Ca a l’air de rien, essayez voire
Je vous parie bien que ça ne marchera pas
Faut avoir le don
Faut avoir ce que personne il a, même pas vous
Ca s’explique pas ça, faut y croire.
Il y aura toujours des médecins et il y aura toujours des guérisseurs, mais attention, chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Allez, à la bonne vôtre !
* Le poème auquel il est fait allusion est disponible ( en version originale) ici

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