Magazine Journal intime

Correspondances : Les patates bouillies, rôties, ratées…

Publié le 03 juin 2009 par Imparfaiteetalors
De : Anik
Envoyé : 1 juin 2009
À : Julie
Objet : Les patates bouillies, rôties, ratées…
Allô Julie!
As-tu déjà accusé une patate d’être la cause d’un conflit de couple ? Bien, c’est ce que j’ai fait hier, figure-toi donc !
Tout a commencé la semaine passée, quand PapaRelax, potentiellement l’être le plus difficile que la planète ait porté, m’a dit :
- Ça fait longtemps qu’on n’a pas mangé de patates, j’en ai ras le bol du riz. (Note aux lectrices : PapaRelax ne mange que des patates (bouillies ou rôties) ou du riz en accompagnement, ce qui me limite beaucoup dans mes extravagances culinaires).
- Hummm… Bien si tu aimais les pâtes aussi, je pourrais en faire.
Silence radio en guise de réponse.
Enfin, comme je suis la meilleure des épouses (ouf, quelle dose d’humilité :o)), j’ai décidé que cette semaine, on en mangerait des patates (j’avoue que c’est aussi parce que si je ne les faisais pas cette semaine, elles allaient devoir prendre la route du compostage et je déteste le gaspillage). Alors, au menu : patates bouillies lundi, patates rôties mardi et patates pilées aux carottes mercredi (mais je mets 2 patates bouillies de côté pour monsieur avant de piler, évidemment). PapaRelax devrait être content, non ?
Mais là, ne voilà pas qu’il me dit, hier soir :
- Ouin, ben les patates, trois jours de file, c’est redondant.
- Ben là, tu avais dit que tu étais fatigué de manger du riz.
- Ouais, sauf que tes patates rôties, elles n’étaient pas mangeables. Tu les as faites comment ?
- Ben, dans la poêle, cette affaire !
- Oui, mais comment ?
- Mais, tu veux savoir quoi, au juste ?
- Bien, toutes les étapes…
Maman imparfaite s’énerve et n’apprécie pas du tout ce quizz culinaire :
- Je les ai faites avec du PAM dans la poêle, t’es content ?
- Avec du beurre, c’est bien meilleur (est-ce qu’on est dans un pub, ou quoi ?)
- Bien, si tu n’étais pas si difficile, tu les aurais trouvées bonnes pareilles, les patates ! Non, mais c’est quoi ma motivation de cuisiner quand personne n’est jamais content ?
- Bien, je dis juste que si tu veux me faire plaisir en faisant des patates puis de la viande, bien au moins fais-le comme il faut !
- ARRRRGGHHHH !!!
Il y a des jours comme cela où je souhaiterais tellement n’avoir à cuisiner que pour moi-même. Là, je suis prise avec une famille divisée en trois clans : les amatrices de pâtes (moi et Dynamite), les amateurs de viande (PapaRelax et P’titAnge) et l’amatrice de pas grand-chose (Philosophe)… Je fais quoi, moi, pour plaire à tous ? Vive les restants !
Anik
P.-S. Demain, on mange des pâtes. PapaRelax va manger un steak qu’il se fera cuire lui-même sur le BBQ avec comme accompagnement : un reste de patates ou rien du tout, c’est au choix du chef ! ;o) Le pire, c’est qu’il aime ça, manger un steak tout seul… Vives la gastronomie !


Julie répond à Anik


De : Julie
Envoyé : 2 juin 2009
À : Anik
Objet : RE : Les patates bouillies, rôties, ratées…
Haha! Anik!
Savoureuse cette anecdote! Si je ne te connaissais pas si bien, j’aurai pensé que tu l’avais agrémentée d’un zeste d’ironie!
Comment faire pour plaire à tous? Voilà une question qui mystifierait probablement Josée di Stasio elle-même ! À la maison, j’ai une fan inconditionnelle du macaroni au fromage et aussi l’experte de la réplique « Je vais prendre "huste " un fruit à la place de ton souper maman ». J’ai aussi celui qui ne prendrait que des purées de fruits ou des céréales. S’il pouvait parler il dirait sûrement : « Viandes et légumes? Non merci! Je préfère les diffuser en spray! ». Il y a enfin, et non le moindre, celui qui demeure muet comme une carpe quand on lui demande ce qu’il voudrait manger au cours de la semaine, et j’ai nommé, PapaZen (qui heureusement mange de tout, pas comme sa très douce).
JULIE, un crayon à la main réfléchissant profondément à l’organisation des menus de la semaine – Qu’est-ce que tu veux manger cette semaine?
PAPAZEN, son manteau sur le dos, les sacs réutilisables sous le bras – J’sais pas, on improvisera avec ce qu’on a dans le frigo.
JULIE, ouvrant son livre de recettes et tentant une formulation différente – On n’a plus rien dans le frigo. Quand vient le temps de choisir le plat qui nous tente, il manque toujours quelque chose alors, qu’est-ce qui te ferait plaisir cette semaine pour que tu achètes ce qu’il faut?
PAPAZEN, visiblement prêt à partir faire les courses et ne saisissant pas du tout la variante sémantique – Bien, on a de la viande dans le congélo. On choisira, dans le frigo, ce qu’on veut manger à côté de notre viande.
JULIE, incrédule car elle s’adresse tout de même à un enseignant de français – D’accord, mais on en revient toujours à la question de base que je vais te répéter en articulant bien, je sais que je marmonne : qu’est-ce que tu veux manger pour que j’aie une idée de ce que tu voudrais mettre, dans ton assiette, à côté de la viande?
PAPAZEN, qui décidément n’en démords pas et qui cherche ses clés – Je dis, faisons simple et achetons les produits de base, genre…
JULIE qui ne peut s’empêcher de penser à la bonne vieille blague de RBO « histoire de voir, genre, comme un exemple, de ce dont quoi, ça aura l’air de », – …
PAPAZEN – Ok, disons, du poulet.
JULIE, voyant une lueur d’espoir – Bien! Mais je t’ai devancé, car c’est déjà écrit sur la liste. Du poulet à quoi?
PAPAZEN – Sur le BBQ, mettons…
JULIE – Humm, je vois, mais à quoi?
PAPAZEN – Bien j’sais pas moi, avec de la sauce?
Voilà qui ne m’aide en rien! Quels ingrédients me faut-il cocher sur notre fameuse liste d’épicerie perpétuelle pour que PapaZen mette ce qu’il faut dans le panier pour réaliser ma fameuse recette de « poulet BBQ en sauce servi avec son accompagnement improvisé »?
Alors, dans un cas ultime comme celui-ci, une mère imparfaite sort son truc ultime : l’appréciation masculine et enfantine notée à l’insu de tous! Pour réaliser ce tour de passe-passe, il faut un crayon, une recette imprimée et un bon sens de l’observation.
1re étape : on sert un plat nouveau à toute la famille sans rien dire.
2e étape : on observe les réactions non verbales de tout ce beau monde et on se branche sur ses propres sensations gustatives.
3e étape : on retient attentivement les commentaires formulés spontanément ou on pose une question ouverte très précise pour obtenir une rétroaction appropriée comme « Qu’est-ce que vous en pensez? »
4e étape : on note le commentaire sur la recette (les choix de réponses peuvent varier de « cool » à « vraiment très bon, ma blonde » en passant par « j’ai aimé ça un petit peu mais pas beaucoup » ou par « est-ce que je peux prendre "huste " un fruit, maman? ».
5e étape : on se sert de leurs commentaires pour choisir les recettes au moment de faire la liste d’épicerie.
6e étape : on cuisine à nouveau la recette en la rebaptisant d’un nom plus parlant pour les enfants. Voici quelques exemples : le porc au sirop d’érable (elle est facile celle-là, c’était à mes premières tentatives), le poulet au chocolat (parce qu’il a mariné dans la sauce soya), les boulettes selon la recette de Mamie (on ne l’a voit pas assez souvent), les hamburgers à la confiture (il y en a dans les boulettes, je te jure), le poulet général Théo (tu devines aisément pourquoi), les côtelettes de porc Cendrillon (aucun lien avec la recette originale mais un petit mensonge n’a jamais tué personne!)
HYPER FACILE! Le truc fonctionne aussi très très bien pour choisir un menu quand on a de la visite.
Alors, cette semaine, j’ai choisi d’acheter ce qu’il fallait pour faire du poulet sucré. Tout le monde était content!
À bientôt!
Julie

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