Je traîne mon corps hors de chez moi, j’étrenne la pluie
L’inspiration ne viendra pas, pas aujourd’hui
La ville l’a bien compris, qui a fermé ses fenêtres et ses yeux
Je fais des choix résiduels
La journée s’écoule malgré tout, avec ses moments agréables et inutiles
Je vais et je viens, entre des riens
J’aime la vie, un peu
Les femmes sont belles
On peut les regarder, leur visage, leur allure et leurs mains
Parfois on peut les approcher ou leur parler
Que vouloir de plus, posséder n’est pas aimer
Je descends la rue et ma cigarette, le soleil de printemps est généreux
Je pars à la guerre
Comme presque chaque jour, mes ennemis sont mes amis
Et la guerre s’appelle « les échecs », je suis conquérant
Et le monde se réduit soudain à 64 cases, j’ai fuis la Terre
Je rentre, Hope Sendoval n’a jamais aussi bien chanté que sur Bavarian Fruit Bread
Le mec dans la glace me sourit
Il fera l’affaire jusqu’à demain
J’aime la vie, passionnément
Mon corps s’effrite, ma tête ne me laisse aucun repos
Ailleurs le Monde crie, meure, brûle et pleure
Ici le Monde parle, puis s’endort et se meurt, se tait enfin
Nous sommes des rats mouillés, des rats leurre, et je suis le rat colleur
Nous somme déments, des songes, et des mensonges
Et je hais le type qui me regarde dans la glace
J’aime la vie, pas du tout
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La niaque des mots, démoniaque
Les lignes sortent et se couchent sans effort devant moi
Comme toi qui m’accompagne ce jour là, invisible
Mais dont je tiens la main au moins jusqu’à demain
Une main sans chair et sans doigt, comprenne qui voudra
Robert Wyatt chante « Alliance » et « P.L.A. »
Je ne connais rien qui justifie mieux ma présence au monde
J’aime la vie, à la folie
Je m’active, je m’agite
La date du jour me rappelle trois rendez-vous et cinq tâches dispensables
Tâches et ratures, c’est une journée pour mon homo socio-economicus
Je respirerai trop vite, je parlerai trop aussi
Je m’enthousiasmerai d’une rencontre, d’un échange, d’un projet à venir
Je boirai du café, lirai le journal, verrai le soleil, écrirai sur la crise, mais quelle crise ?
Le soir il y aura un concert et je prendrai un verre en terrasse avec quelques autres
La vie s’écoulera, la vie c’est cool, tout sera possible
J’éteins la lumière
Dylan n’a jamais mieux chanté que récemment, « Cross the green Moutain »
J’aime la vie, beaucoup
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/deed.frMes Petites Fables